Lors d’une conférence sur la cybersécurité, Yahoo! place la NSA face à ses contradictions.
La mission première de la NSA est le renseignement, ce qui n’est une surprise pour personne. C’est pour cette raison que l’agence gouvernementale américaine a mis au point de nombreux programmes d’espionnages ces dernières années, des pratiques qui ont été révélées au monde entier Edward Snowden.
Malgré tout ce que nous a révélé l’ex employé de la NSA, les moyens mis en œuvre par l’agence sont toujours mal connus. La seule chose qui est certaine, c’est qu’elle veut accéder à un maximum de données numériques.
C’est dans cette logique de vouloir accéder à tout que l’amiral Michael S. Rogers, le patron de la NSA depuis 2014, a profité d’une conférence sur la cybersécurité pour défendre le principe des portes dérobées (backdoor) « officielles » accessibles par les services de renseignement et les forces de l’ordre pour résoudre les enquêtes.
Alex Stamos, le responsable de la sécurité informatique chez Yahoo!, a vivement contesté la position de la NSA dans un échange assez vif : « Donc, si nous devons mettre en place des backdoors ou des accès spéciaux pour le gouvernement américain, pensez-vous que, dans la mesure où nous avons 1,3 milliard d’usagers à travers le monde, nous devons faire la même chose pour le gouvernement chinois, le gouvernement russe, le gouvernement saoudien, le gouvernement israélien, le gouvernement français ? À quel pays devons-nous donner un accès aux backdoors ? […] Après tout, l’Amérique n’est pas le seul pays à être exposé au terrorisme. Et si, d’après un officiel de la Maison-Blanche, il est normal et attendu qu’un pays puisse se protéger des menaces terroristes, les autres États pourraient brandir ce péril pour réclamer un accès aux communications électroniques. »
En mettant la NSA face à ses contradictions, Alex Stamos a réussi à déstabiliser Michael S. Rogers. Le directeur de la NSA a ensuite tenté de faire une distinction entre les pays qui mettent en place un cadre légal pour légitimer ces pratiques, avec un contrôle des services, et les autres, un argument qui n’a pas convaincu Alex Stamos. En effet, selon lui, si les États-Unis construisent un cadre légal, rien n’empêche les autres pays d’en faire de même.
Dès lors, qui va juger de la qualité de ce cadre ? Les États-Unis qui ne sont pas d’une exemplarité à toute épreuve en entourant de secret leurs propres outils de contrôle, comme le fait la toute puissante cour fédérale FISC en charge de superviser les demandes de mandats autorisant la surveillance.
En fait, la position de la NSA pourrait parfaitement être assimilée à « faites comme je dis, pas comme je fais ».