C’est par le biais d’un article dans la revue Genome Biology que l’on apprend qu’un homme de 50 ans a vécu pendant quatre ans avec un ver solitaire, un ténia, dans la tête.
Pour cet homme de 50 ans, tout a commencé en 2008 lorsqu’il a consulté son médecin pour des maux de tête, mais aussi des pertes de mémoire et un sens de l’odorat qui s’est modifié. Au fil du temps, de nombreuses biopsies et tests sont faites, notamment sur le VIH, la maladie de la chaux, la syphilis, etc. sans découvrir la source du problème.
C’est en 2012 que les médecins décident enfin de pratiquer une IRM. Cet examen permet de découvrir une grappe qui semble être une lésion du cerveau. Mais la plus grosse surprise, c’est que cette « lésion » est mobile ! Il a en effet été constaté qu’elle s’est déplacée de 5 cm dans les tissus.
C’est de cette manière qu’ils ont découvert que la lésion était un fait un ver solitaire, un ténia de 10 cm. Une fois cette identification faite, l’homme a pu recevoir des médicaments appropriés pour tuer le ver. Désormais, il est complètement rétabli.
Depuis la découverte du Spirometra erinaceieuropaei, seulement 300 cas de ce ténia ont été recensés dans le monde depuis 1953. Il s’agit donc d’une rareté biologique.
Sans que cela soit certain, il est estimé que l’humain peut être infecté en consommant accidentellement le ver s’il a infecté des crustacés des lacs, ou des viandes de reptiles ou d’amphibiens. L’utilisation de cataplasme à base de grenouilles, un remède chinois pour calmer les douleurs oculaires, pourrait aussi être une cause.
Si on ne sait pas comment cet homme a attrapé ce ténia, il est bon de préciser qu’il est d’origine chinoise et qu’il effectue de fréquents voyages en Chine.
Alors que le Spirometra erinaceieuropaei provoque une sparganose, une inflammation des tissus, le Dr Effrossyni Gkrania-Klotsas, coauteur de l’étude du Département des maladies infectieuses, NHS Trust d’Addenbrooke’s, explique qu’il est désormais possible de diagnostiquer cette pathologie par une IRM. Il souligne que cette technique ne permet par contre pas d’identifier l’espèce de ténia.
C’est sur cette base que l’étude publiée révèle que le génome du Spirometra erinaceieuropaei a une longueur de 1,26 Go, ce qui est dix fois plus que le génome des autres ténias. Il explique que « Nos travaux montrent que, même avec seulement de petites quantités d’ADN provenant d’échantillons cliniques, nous pouvons trouver tout ce qu’il faut pour identifier et caractériser le parasite ».
Le Dr Matt Berriman, coauteur de l’étude, ajoute que « Pour ce groupe inconnu des ténias, le séquençage de son génome va permettre de faire des prédictions sur les médicaments adaptés. […] La séquence suggère que le parasite est naturellement résistant à l’Albendazole, un médicament anti-ténia existant ».