Des chercheurs autrichiens ont mis au point une main bionique commandée par le cerveau aussi adroite qu’une main greffée.
C’est dans la revue médicale The Lancet qu’une équipe de chercheurs autrichiens présentent une technique de main bionique mise au point par le professeur Oskar Aszmann, de l’université de Vienne.
Parmi les trois hommes ayant reçu une telle main, entre avril 2011 et mai 2014, mais aussi ce Lituanien de 21 ans, né avec une malformation congénitale, qui a reçu un bras selon le même procédé.
D’après le professeur Aszmann, « la reconstruction bionique est moins risquée que la greffe de la main pratiquée ». Elle ne nécessite en effet pas de prise de médicaments immunosuppresseurs très puissants.
« Dans le cas de la perte d’une seule main, je pense que la reconstruction bionique a plus de bénéfices, parce qu’elle n’a aucun effet secondaire et que la qualité de la fonction récupérée est presque aussi bonne qu’avec une greffe […] Il n’y a pas de sensibilité, ce n’est pas de la chair et du sang, mais du plastique et des composants. Mais du point de vue fonctionnel, c’est comparable à la greffe », explique le professeur.
La principale avance de cette équipe de chercheurs autrichiens est d’avoir recréé une transmission complète de signal neurologique jusqu’à la main bionique, une main qui est équipée de capteurs capables de répondre aux impulsions électriques fournies par les muscles. Pour ce faire, des muscles prélevés à l’intérieur de leurs cuisses ont été greffés dans les avant-bras des patients, ainsi que des nerfs provenant d’une autre zone de la moelle épinière que le plexus brachial endommagé.
« La main est très loin du cerveau […] Cela représente plus d’un mètre de régénération des nerfs. La seconde difficulté, c’est que la main elle-même a besoin d’un grand nombre de signaux envoyés par les nerfs pour faire ce qu’elle peut faire », souligne le scientifique.
Dans le but de préparer la greffe de la main bionique, les patients subissent un entraînement cognitif de plusieurs mois avant leur amputation, d’abord en commandant une main virtuelle affichée en vidéo, puis en s’exerçant sur une main hybride rattachée à leur véritable main.
Le professeur Oskar Aszmann précise que « certains patients, au bout du processus, ne peuvent pas être candidats à la reconstruction bionique, soit parce qu’ils n’ont pas suffisamment de nerfs disponibles, soit parce qu’ils n’y sont pas prêts psychologiquement, ou bien encore faute d’un environnement adéquat pour faire entretenir leur prothèse là où ils vivent ».