En proposant « Super année », Facebook compte présenter à chaque utilisateur une rétrospective de 2014. Le hic, c’est que cela s’apparente à une sacrée fausse note.
Avec « Super année », un utilisateur de Facebook peut se remémorer une soirée entre amis, l’arrivée du petit dernier, les dernières vacances, etc. Mais surtout constater que tout cela est bien vide.
En effet, ce port ne vise qu’à mettre en avant toute la différence existant entre la réalité vraie et celle que l’on publie sur le réseau social. Pour s’en convaincre, il suffit de constater que la majorité des profils vantent les mérites d’une vie radieuse et comblée. Que faut-il en penser ?
Et oui, entre chômage, crise économique, maladie, perte d’un être cher, divorce, la vie est très loin d’être aussi rose que celle que l’on peut voir sur Facebook. La positivité voulue par le réseau social occulte en fait un large pan de la réalité au profit d’une réalité virtuelle bien trompeuse.
Le fait de consulter « Super année » ne sert qu’à mettre encore plus en avant ce décalage entre la réalité vraie et celle publiée sur Facebook, une sorte de flatterie de l’égo des utilisateurs.
« J’ai passé une super année! Merci d’y avoir contribué » agrémente une sélection de photos et de commentaires de l’année écoulée. Mais voilà, cette sélection dérange, comme le prouve de très nombreux commentaires, tant aux États-Unis qu’en France. Et oui, à un moment donné, la coupe de positivité est pleine et déborde, c’est ce qui semble arriver vu que cette initiative semble avoir le mérite de soulever en sentiment négatif à son encontre, certainement tout le contraire de ce que recherche Facebook.
Il est vrai que remémorer l’annonce d’une prochaine maternité est peut-être bien, mais rappeler la fausse-couche quelques semaines plus tard l’est moins. Se souvenir de sa fille est une belle chose, mais se remémorer qu’elle est tragiquement décédée d’un cancer du cerveau l’est moins. Souligner la bonne ambiance des sorties entre collègues est un bon souvenir, mais pas après avoir été licencié, tout comme les photos des super vacances de ski qui étaient avant le tragique accident, le mariage et la lune de miel de rêve avant un divorce… De fait, Facebook a cru bien faire en publiant une sélection algorithmique de faits de l’année sans tenir compte des souvenirs qui y sont liés… une chose pratiquement impossible à faire au demeurant.
C’est pour cette raison que « Super année » est au final une fausse note, une fausse note d’autant plus aggravée que Facebook insiste pour que l’utilisateur la regarde et la partage alors même qu’il n’en a pas du tout envie pour une excellente raison.
Face à cette levée de boucliers, Jonathan Gheller, le chef de projet « Super année » de Facebook, a déclaré que « Nous pouvons faire mieux ». Alors que ce qui est majoritairement publié sur le réseau social est édulcoré dans une positivité trompeuse, Facebook sera toujours à côté de la plaque !