L’aventure de Rosetta s’achèvera le 30 septembre 2016 lorsque la sonde se posera en douceur sur la comète pour une étreinte finale avant son repos éternel.
Entamée il y a douze ans, l’aventure dans l’espace de la sonde européenne Rosetta prendra fin le 30 septembre 2016. C’est l’Agence spatiale européenne (ESA) qui a annoncé que c’est à cette date que le vaisseau se posera en douceur sur la comète Tchourioumov-Guérassimenko pour une ultime étreinte, un baiser de la mort. « Le 30 septembre marquera la fin des opérations de la sonde en orbite autour de la comète 67P depuis août 2014 », a indiqué Matt Taylor, le responsable scientifique de la mission.
Plutôt que de laisser Rosetta se perdre dans le cosmos, ce qui serait une fin d’une tristesse infinie selon Sylvain Lodiot, le responsable des opérations de vol de Rosetta à l’ESOC (Centre européen d’opérations spatiales) à Darmstadt (Allemagne), l’ESA a décidé de faire poser la sonde sur Tchouri aussi près que possible de l’atterrisseur Philae. Son aventure s’achèvera par une lente descente d’environ 12 heures, à la vitesse de 50 centimètres par seconde, jusqu’à « un impact contrôlé » à la surface de Tchouri.
Actuellement, la comète Tchourioumov-Guérassimenko se trouve à 495 millions de kilomètres du Soleil et à 516 millions de km de la Terre. Le 30 septembre prochain, elle sera à 573 millions de kilomètres de notre étoile et à 719 millions de kilomètres de notre planète.
« Pour conclure de façon magistrale sa mission, Rosetta, après une descente contrôlée inédite, ira rejoindre Philae et donnera un ultime baiser à sa comète », écrit le CNES avec un certain lyrisme. En étant un peu romantique, il est vrai que Rosetta et Tchouri filent le parfait amour depuis août 2014 et que ce baiser peut aussi s’apparenter à une ultime étreinte.
La fin des communications à l’impact
Avant d’amorcer son ultime descente, Rosetta sera à une vingtaine de kilomètres de Tchouri. Après douze heures d’une lente descente, les communications cesseront au moment du contact avec la comète. « Ce sera fini », souligne laconiquement Sylvain Lodiot. Le lieu de l’impact n’est pas encore tout à fait finalisé. Il pourrait d’agir du site Algikia, le même site où Philae s’était posé le 12 novembre 2014 avant de rebondir plus loin.
Durant sa descente, Rosetta ne chômera pas. La sonde européenne prendra des clichés en très haute résolution en temps réel et procédera à des mesures scientifiques inédites. Alors que la mission a été déjà très riche en découvertes, notamment de composant de base de la vie, cette ultime descente pourrait encore nous réserver de belles surprises scientifiques.
L’espoir est aussi de trouver l’emplacement exact de Philae. Jusqu’à présent, l’ESA n’est pas parvenue à repérer précisément son emplacement depuis que l’atterrisseur est muet. « Le travail de localisation est en cours », explique Sylvain Lodiot.
Rosetta s’est récemment approchée à 5 kilomètres, un record. « Nous espérons pouvoir descendre à deux, voire un kilomètre de la surface », précise le scientifique. « Repérer Philae, qui a la taille d’une machine à laver, n’est pas une tâche facile, car il se trouve dans une zone où il y a beaucoup de glace et de roche », précise-t-il encore.
« L’annonce de la fin de la mission peut paraître un peu triste, vu à quel point le monde entier s’est ému de cette mission incroyable, allant jusqu’à personnifier Rosetta et Philae », convient Jean-Yves Le Gall, le président du CNES. « Mais quelle plus belle fin pour Rosetta que de donner un ultime baiser à sa comète ! ». « C’est la fin d’une fantastique mission qui a été un succès énorme », souligne encore Sylvain Lodiot. [VIDÉO]