Depuis que les scientifiques ont tiré la sonnette d’alarme au sujet des problèmes engendrés par le réchauffement climatique dans le monde, on parle de son impact négatif sur les océans, sur notre vie sexuelle, sur la biodiversité… En clair, les menaces sont véritablement réelles pour toutes les formes de vie sur Terre. En fait, certains effets sont déjà constatés.
C’est en étudiant les bécasseaux maubèche (calidris canutus) que des scientifiques ont découvert que le réchauffement climatique a provoqué une réduction de la taille et de la morphologie des oiseaux migrateurs au cours de ces trente dernières années. Concrètement, une équipe internationale a constaté que le réchauffement du climat s’accélère sur la côte nord de la Sibérie centrale où naissent les oisillons. En trente ans, la neige fond de plus en plus tôt en raison de la montée des températures, au rythme d’une demi-journée par an, soit plus de deux semaines par rapport à il y a trois décennies.
La conséquence est que les oiseaux naissent trop tard par rapport à l’apparition des populations de moustiques, leur principale nourriture pour grandir. De fait, les oisillons sont plus petits avant d’entamer leur longue migration vers la côte de l’Afrique de l’Ouest. « Nous avons observé que les jeunes bécasseaux maubèche que nous capturions le long de la côte baltique en route vers l’Afrique étaient de plus petite taille après des étés chauds dans l’Arctique », explique Jan van Gils, du Royal Netherlands Institute for Sea et co-auteurs de l’étude parue dans la revue Sciences.
Pire encore, en raison de leur retard de croissance, leur bec est plus petit. Dès lors, lorsqu’ils sont sur la côte de Mauritanie après avoir parcouru 5 000 km, ils ne peuvent pas atteindre leur nourriture de choix, des mollusques bivalves enterrés dans les sédiments. Au final, ils sont contraints de se nourrir d’aliments nettement moins nutritifs et finissent souvent par dépérir.
Cette étude démontre l’effet du réchauffement climatique sur la morphologie des oiseaux, sur la perturbation occasionnée à la chaine alimentaire, ce qui entraine une malnutrition. En généralisant cette recherche à d’autres espèces, la menace est d’autant plus grande pour de très nombreuses espèces qui ne pourront pas s’adapter à ce changement.