Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), il faut agir vite pour réduire les émissions de CO2 afin de rester sous le seuil de 2°C, mais aussi bien pour préserver la croissance mondiale.
C’est à Copenhague, dimanche, que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié son évaluation mondiale sur le réchauffement climatique, l’évaluation la plus complète jamais réalisée depuis 2007. Ce rapport doit notamment servir de base scientifique aux politiques qui auront à négocier à l’échelle internationale avant d’aboutir, fin 2015, à un accord global à Paris.
Alors que la communauté internationale s’est fixé comme objectif de maintenir la hausse globale des températures sous un seuil de 2°C, cette évaluation démontre que « Nous avons peu de temps avant que la possibilité de rester sous les 2°C ne disparaisse », déclare Rajendra Kumar Pachauri, le président du GIEC. Il faut dire que les impacts du changement climatique sont déjà à l’œuvre, désormais à une vitesse inédite.
Selon les experts du GIEC, pour conserver le cap des 2°C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent être réduites de 40 à 70% entre 2010 et 2050, puis totalement disparaître d’ici 2100. Cette recommandation implique l’abandon massif des énergies fossiles, la forte amélioration de l’efficacité énergétique, la limitation de la déforestation, etc., et surtout des investissements de plusieurs centaines de milliards de dollars d’ici à 2030.
Selon ces mêmes experts, ce changement de cap énergétique ne devrait pas compromettre la croissance mondiale, car ces efforts ambitieux de réduction de gaz à effet de serre ne feraient baisser la croissance mondiale que de 0,06 point par an alors qu’elle est estimée entre 1,6 et 3% pour les années à venir. De plus, cette estimation ne prend pas en compte les bénéfices économiques liés à l’atténuation du changement climatique, au niveau des infrastructures, de l’agriculture et de la pêche, de la santé, etc.
D’après Rajendra Kumar Pachauri, « Nous avons les moyens de limiter le changement climatique […] les solutions sont nombreuses et permettent un développement économique et humain continu. Tout ce dont nous avons besoin, c’est de la volonté de changer ». Dans le même registre, Youba Sokona, vice-président du GIEC, souligne que « Plus nous attendons pour agir, plus ce sera couteux ».
Après les éditions de 1990, 1995, 2001 et 2007, cette nouvelle étude du GIEC est la cinquième du genre, une évaluation globale qui se base sur trois rapports thématiques (preuves du réchauffement – septembre 2013, impacts – mars 2014, et mesures pour atténuer la hausse des températures – avril 2014) et s’appuie sur 30 000 études. Selon les auteurs du rapport, s’il n’était pas « contrôlé », « le changement climatique aurait des impacts graves, étendus et irréversibles ».
L’étude du GIEC ratisse plus large que le simple réchauffement climatique en y incluant des questions sur l’équité et la justice à mettre en place pour atteindre un développement durable. Elle souligne que les populations les plus vulnérables, notamment celles des pays les moins développés, auront moins de moyens pour faire face aux impacts du réchauffement.
Parmi les chiffres mis en avant par l’étude du GIEC, il faut noter que les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont atteint les niveaux les plus élevés depuis 800 000 ans, que la température moyenne à la surface de la planète a gagné 0,85°C entre 1880 et 2012, que celle à la surface des océans a augmenté de 0,11°C par décennie entre 1971 et 2010, que le niveau moyen des océans s’est élevé de 19 cm entre 1901 et 2010, ou encore que la banquise de la région Arctique a diminué de 3,5 à 4,1% par décennie entre 1979 et 2012. C’est ainsi que certaines zones enregistrent des précipitations accrues, en baisse ailleurs, comme des vagues de chaleur plus fréquentes en Europe, Asie, Australie.
Parallèlement aux changements climatiques, la répartition des espèces marines et terrestres s’est modifiée et les rendements agricoles sont globalement en baisse.
Vu que le réchauffement climatique se poursuit, le GIEC prévient qu’il faut agir vite… et bien sans quoi les conséquences seront plus lourdes en terme de sécurité alimentaire, de disponibilité en eau potable, de risques d’inondations et de tempêtes à l’avenir, ce qui ne sera à terme pas sans répercussion sur les déplacements de population et les conflits pour l’accès aux ressources.