Tout le monde parle de vouloir limiter le réchauffement climatique à 2°C. Mais pourquoi pas 3°C, l’écart semble si minime ?
Tout le monde le dit, il faut limiter le réchauffement climatique à 2°C par rapport au niveau d’avant la Révolution industrielle. L’actuelle conférence COP21 réunissant tous les pays essaie justement de trouver un accord mondial pour lutter contre le réchauffement de la planète et rester sous ce seuil. Pourtant, l’écart par rapport à 3°C semble minime. Alors, pourquoi se focaliser absolument sur ces 2°C ?
Depuis la dernière époque glaciaire, il y a 20 000 ans, la température moyenne mondiale a augmenté que de 5°C. Si on continue à émettre des gaz à effet de serre comme aujourd’hui, le GIEC prévoit que la température moyenne mondiale augmentera de 5°C en 2100. Le constat est que le réchauffement climatique s’accélère à une vitesse vertigineuse.
Mais surtout, il faut voir les impacts que causerait le réchauffement climatique. S’il est limité à 2°C, le niveau des océans s’élèverait de 40 cm à la fin du siècle. À 3°C, il monterait de 60 cm. À 5°C, cela serait 80 cm. Mais pire que nous, le réchauffement pourrait aussi s’emballer, ce qui signifierait qu’il ne s’arrêterait plus.
Il faut aussi prendre conscience que cette haute du niveau des océans a des conséquences directes sur les populations. Des villes comme Venise, New York, Hong Kong, Shanghai, Bombay sont directement menacées, voir des pays comme les Maldives ou les Fidji. En fait, une hausse de la température de 2°C impacterait directement 280 millions de personnes. Ils seraient plus de 400 millions dans le cas de 3°C, et plus de 600 millions à 4°C.
Le réchauffement climatique n’aurait pas qu’un impact que sur les océans. Des territoires seraient aussi exposés à des vagues de chaleur. À 2°C, elles concerneraient 1,5 milliard de personnes. À 3°C, cela serait 4,5 milliards de personnes. À 5°C, 12 milliards de personnes seraient concernées. Alors que l’on a déjà des années caniculaires, elles seraient plus nombreuses, d’autant plus nombreuses que la température augmentera.
Augmentation du niveau des océans, vagues de chaleur, mais aussi inondations, sécheresses …, en fait, de très nombreux dérèglements climatiques qui toucheraient pratiquement tout le monde, d’une manière ou d’une autre.
Au final, ces changements auront des impacts directs sur les humains. Ils pourraient entraîner près de 250 000 décès supplémentaires par an à cause. Tout aussi inquiétants, ils remettraient en cause toute la chaine alimentaire en perturbant considérablement les cultures et les élevages.
Finalement, les dérèglements dus au climat agiront sur la sécurité des personnes, car il s’agira de trouver un toit et de quoi se nourrir. Alors oui, 2°C est très différent de 3°C. Même une augmentation de « seulement » 2°C va déjà causer d’importantes répercussions. « Si on reste à 2°C, la calotte du Groenland peut fondre, ce qui signifie une élévation de 7 m du niveau de la mer. Ce sera certes sur un millénaire, peut-être plus, mais de nombreuses villes et leurs richesses patrimoniales seront perdues. C’est un problème éthique, car dans mille ans, les gens seront aussi attachés que nous à l’histoire de notre passé », prévient le climatologue Jean Jouzel.