Un projet du gouvernement prévoit de couper 256 millions d’euros dans les budgets alloués à la recherche. Un vote de la commission des finances est pratiquement unanimement contre ce projet, ce qui n’est qu’un préavis purement consultatif.
La commission des finances de l’Assemblée Nationale a donc formulé un préavis défavorable à l’intention du gouvernement de réduire de 134 millions d’euros les dotations versées aux organismes — CEA (64 millions), CNRS (50 millions), INRA (10 millions), INRIA (10 millions), ainsi que 26 millions répartis sur d’autres acteurs — et de récupérer des crédits devenus sans emploi à la suite de la reprogrammation d’opérations immobilières ou devenus sans objet, ainsi que des montants mis en réserve. En prenant cette décision à la quasi-unanimité ce mardi 24 mai, la commission suit la recommandation faite par 8 chercheurs de renom (7 Prix Nobel et 1 titulaire de la Médaille Fields) de ne pas amputer les budgets alloués à la recherche.
Malheureusement, ce vote n’a pas véritablement de valeur autrement que symbolique. En effet, le préavis donné par la commission des finances de l’Assemblée Nationale est purement consultatif.
Face à la levée de boucliers soulevée par ce projet, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, s’est voulue rassurante en faisant un certain nombre de promesses. Elle a par exemple affirmé que « les annulations prévues dans le cadre de ce décret d’avance n’auront aucun impact sur les activités des organismes de recherche » en promettant qu’il ne s’agissait en fait que d’« un recalibrage des fonds de roulement et des trésoreries de ces organismes sans que jamais les dépenses de ces organismes, l’exécution de leurs budgets, les conditions de travail des chercheurs ne soient affectés ».
Alain Fuchs, président du CNRS, n’est pas d’accord avec les propos de Najat Vallaud-Belkacem. Il répond à ceux qui pensent que le CNRS aurait un matelas budgétaire dans lequel il est possible de puiser que « C’est faux ». « Nous avons un fonds de roulement, de quelques centaines de millions d’euros, qui correspond à un mois et demi de fonctionnement courant du CNRS. Nous avons besoin de ce fonds, comme tout établissement public ». Il ajoute que « ce fonds est de l’argent actif et tournant, il ne dort pas. Chaque euro de ce fonds de roulement correspond à des opérations à venir ». Il souligne par la même occasion que « le ministère du Budget a ces informations. Il n’y a pas de réserve. Notre compte de résultat est d’ailleurs quasiment nul ».
En réponse à la ministre qui s’engage à prendre les mesures nécessaires pour réabonder les crédits des organismes « si ces 134 millions d’euros venaient à manquer », en promettant en plus une enveloppe de 65 millions d’euros « pour permettre à l’ANR de retenir davantage de projets en 2016 », Alain Fuchs répond que « Les propos de Najat Vallaud-Belkacem montrent qu’on est dans une phase de recherche de solutions. On est en train de trouver des solutions techniques pour éviter d’arrêter des opérations scientifiques. Ces mesures sont encore en discussion ».
Clairement, cette réduction des budgets alloués à la recherche va faire couler beaucoup d’encre. Pour l’heure, l’idée est là, mais sa mise en œuvre doit encore être affinée. De plus, le projet devra aussi être adopté avant d’être appliqué.