En 2014, pour les 20 ans du W3C, Tim Berners-Lee était encore relativement optimiste dans Internet en déclarant que « Nous avons certainement réussi à rester sur les rails, même s’il y a eu des moments où il y a eu beaucoup de pressions et d’attaques contre le web ». En décembre 2015, pour les 25 ans du premier site web, celui qui est considéré comme étant le père du World Wide Web était encore relativement confiant. Aujourd’hui, il tire le signal s’alarme.
C’est une interview accordée au New York Times qu’il a exprimé sa colère et sa préoccupation au sujet de la dérive d’Internet. « Le Web contrôle ce que les gens regardent. Il crée des mécanismes sur la manière dont les gens interagissent. Le Web aurait pu être magnifique, mais le cyberespionnage, le filtrage des sites Web, les recommandations de contenus qui vous emmènent sur les mauvais sites sapent complètement l’esprit d’aider les gens à créer », a-t-il déploré.
Les accusations du physicien britannique pointent du doigt la cybersurveillance exercée par les agences gouvernementales. Selon lui, la perception de l’Internet comme le plus grand réseau de surveillance du monde devient véritablement tangible.
Les agences ne sont pas les seules concernées. Les grands groupes technologiques sont égratignés au passage lorsqu’il dit : « Le problème, c’est la domination d’un moteur de recherche, d’un énorme réseau social et d’un Twitter pour le microblogging » en pensant notamment à Google et Facebook.
Tim Berners-Lee a récemment participé au Decentralized Web Summit, organisé à San Francisco, une rencontre d’un groupe d’activistes notoires qui ont débattu sur les moyens de remette Internet sur la bonne voie. Face aux dérives de la surveillance, ils préconisent une re-décentralisation du web au nom de la protection de la confidentialité, de la reprise de contrôle du Web et de la sécurité.