Meta, la maison mère de Facebook et Instagram, a récemment annoncé sa décision de bloquer l’accès aux actualités sur les deux plateformes pour les utilisateurs au Canada. Cette décision fait suite à l’adoption de la loi C-18 par le Parlement canadien. Cette loi impose aux grandes entreprises technologiques de négocier des accords commerciaux et de payer les organismes de presse pour le contenu partagé sur leurs applications, une décision similaire prise en Australie qui a conduit à la stratégie de Meta.
En Australie, Meta a initialement bloqué l’affichage et le partage de contenu d’actualités sur Facebook, avant de parvenir à un accord avec le gouvernement australien après sept jours. Aujourd’hui, Meta reproduit cette approche au Canada en effectuant des tests pour entamer le processus de restriction du contenu d’actualités.
Meta soutient que la loi C-18 et des législations similaires sont fondamentalement déficientes car elles ne tiennent pas compte du fonctionnement de leurs plateformes. L’entreprise affirme que demander le paiement de liens ou de contenus qu’elle ne produit pas n’est ni durable ni viable, car ce n’est pas la raison principale pour laquelle les gens utilisent Facebook et Instagram.
De plus, Meta souligne qu’elle offre déjà des avantages aux médias grâce à la publicité gratuite. Rachel Curran, responsable des politiques publiques de Meta au Canada, a déclaré que Facebook a dirigé plus de 1,9 milliard de clics vers des pages de médias canadiens au cours des 12 derniers mois, d’une valeur estimée à plus de 200 millions de dollars de marketing gratuit.
Actuellement, Meta effectue des tests sur les deux plateformes de médias sociaux pour « développer une solution efficace pour mettre fin à la disponibilité des actualités ». En conséquence, un petit pourcentage d’utilisateurs canadiens ne peut pas voir de contenu d’actualités sur leurs profils. Cependant, cette restriction n’affectera pas les autres fonctions de Facebook et Instagram, et les utilisateurs pourront toujours rester en contact avec leurs amis et leur famille, développer leurs entreprises et soutenir leurs communautés locales.
La position du gouvernement canadien et des médias
Le gouvernement canadien et de nombreux médias affirment que Meta ne fait pas suffisamment pour soutenir le journalisme. Par conséquent, la loi C-18 vise à atteindre l’équité sur le marché des actualités numériques et à garantir une juste rémunération aux organismes de presse.
« Le véritable journalisme, produit par de vrais journalistes, reste une demande importante pour les Canadiens et est essentiel à notre démocratie. Mais il a des coûts réels », a déclaré Paul Deegan, président et chef de la direction de News Media Canada.
Le président canadien Justin Trudeau a également exprimé son soutien à la loi et a vivement critiqué les positions prises par les grandes entreprises technologiques. Lors d’une conférence de presse récente, Trudeau a exprimé sa préoccupation concernant le refus d’accès aux informations locales et a accusé Meta et Google d’employer des tactiques de « harcèlement ».
« C’est un vrai problème que ces géants de l’internet préfèrent refuser aux Canadiens l’accès aux actualités locales plutôt que de payer ce qu’ils doivent », a déclaré Trudeau.
La loi C-18 entrera en vigueur dans les six prochains mois, et selon une analyse effectuée par le Bureau du directeur parlementaire du budget, il est estimé que les médias pourraient recevoir environ 300 millions de dollars par an grâce à cet accord avec les plateformes numériques, y compris Google.
Perspectives futures
Alors que Meta fait face à l’opposition du gouvernement canadien et des organismes de presse, il reste à voir comment ce différend va se dérouler. La décision de restreindre le contenu d’actualités sur Facebook et Instagram en réponse à la loi C-18 met en évidence la position de Meta sur le paiement des actualités et sa perception de la viabilité de telles demandes.
Alors que Meta soutient que ces lois ne tiennent pas compte du fonctionnement de leurs plateformes et du fait que le contenu d’actualités n’est pas la principale raison pour laquelle les utilisateurs utilisent leurs services, le gouvernement canadien et les médias soulignent l’importance de soutenir le journalisme et de garantir une juste rémunération aux organismes de presse.
La mise en œuvre de la loi C-18 pourrait avoir des implications significatives pour le paysage des actualités numériques au Canada, offrant potentiellement un cadre plus équitable pour les organismes de presse et affectant la manière dont les entreprises technologiques interagissent avec le contenu d’actualités.
Au cours des prochains mois, il sera essentiel de suivre les négociations entre Meta, le gouvernement canadien et les organismes de presse pour déterminer si une résolution peut être trouvée. L’issue de ce différend pourrait avoir des implications au-delà du Canada, influençant éventuellement la manière dont les organismes de presse et les entreprises technologiques interagissent dans d’autres juridictions confrontées à des défis similaires.
Alors que cette situation continue d’évoluer, il est clair que la relation entre les géants de la technologie et les organismes de presse est un point de discorde permanent. Trouver un équilibre entre les intérêts de ces parties prenantes tout en préservant l’intégrité du journalisme reste un problème complexe et urgent à l’ère numérique.