La Lune et ses télescopes avancés menacés sans protection

Emilie DUBOIS
Rédigé par Emilie DUBOIS
Télescopes lunaires de demain : un défi de préservation

Une exploration inédite de l’astronomie lunaire avec des défis de protection et des initiatives internationales pour sauvegarder les sites d’observations uniques sur la Lune.

Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère d’investigations scientifiques depuis notre plus proche voisin dans l’espace : la Lune. Les scientifiques spatiaux, animés par un enthousiasme grandissant, sont résolus à préserver la possibilité de pratiquer l’astronomie depuis ce satellite naturel.

Des projets innovants sur le paysage lunaire

Des projets ambitieux se dessinent pour déployer sur le paysage lunaire des équipements astronomiques de pointe. Parmi eux, des télescopes infrarouges super-refroidis, une série de détecteurs d’ondes gravitationnelles, de vastes télescopes radio semblables à Arecibo, voire des instruments spécialisés dans la recherche de signes de vie extraterrestre. Oui, le futur de l’astronomie lunaire nous tend les bras. Toutefois, certains scientifiques soulignent l’urgence de protéger ces équipements lunaires contre les interférences causées par d’autres activités prévues sur la Lune, afin de garantir leur mission d’exploration de l’univers.

Des efforts concertés pour une politique internationale

Dans cette perspective, des efforts sont déployés pour élaborer et instaurer des politiques en collaboration avec les Nations Unies, dans l’espoir de susciter un soutien international pour de telles protections.

Accords mondiaux pour la préservation de l’espace

Cette initiative est menée par l’Union Astronomique Internationale (UAI), qui rassemble plus de 12 000 astronomes professionnels actifs issus de plus de 100 pays. Richard Green, président du groupe de travail de l’UAI dédié à cette question et directeur adjoint des relations gouvernementales à l’Observatoire Steward, dirigé par l’Université de l’Arizona à Tucson, évoque la collaboration avec diverses organisations non gouvernementales pour protéger l’astronomie lunaire.

Une approche multidimensionnelle

L’approche de Green consiste également à protéger les sites lunaires propices à l’installation de télescopes infrarouges refroidis ou d’ensembles de détecteurs d’ondes gravitationnelles. « Nous partageons des objectifs communs avec ceux qui souhaitent préserver les sites historiques et même avec ceux qui envisagent des sites dédiés à l’extraction de l’eau ou des minéraux », explique-t-il. L’UAI envisage que le Comité des Nations Unies pour l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique puisse être le cadre où développer un processus de revendication et de résolution des revendications concurrentes.

Un engagement envers l’observation astronomique unique

« Naturellement, l’objectif principal reste la réalisation d’observations astronomiques uniques depuis la Lune », précise Green. Le groupe de travail s’appuie sur l’expertise des responsables principaux des missions lunaires pour prioriser les sites d’intérêt scientifique extrême et aborder les questions liées à la science dans un environnement où l' »accès équitable » est ancré dans l’esprit du Traité de l’espace extra-atmosphérique de 1967 des Nations Unies.

Un consensus international nécessaire

Ian Crawford, professeur de sciences planétaires et d’astrobiologie au Birkbeck College de Londres, approuve l’initiative de l’UAI. « À mon avis, il est essentiel de désigner une sous-catégorie de sites lunaires, comme certains cratères polaires et des emplacements clés du côté opposé, comme ‘Sites d’Importance Scientifique Spéciale’ et de les protéger en tant que tels », déclare-t-il à Space.com. Un modèle possible pourrait être les Zones Spécialement Protégées de l’Antarctique, définies dans l’Annexe V du Protocole environnemental au Traité sur l’Antarctique. « Dans tous les cas, une coordination internationale est clairement nécessaire, donc l’implication des Nations Unies semble tout à fait appropriée », ajoute Crawford.

Partenariats privés pour l’exploration lunaire

La NASA collabore avec plusieurs entreprises américaines pour acheminer la science et la technologie à la surface de la Lune grâce à l’initiative Commercial Lunar Payload Services (CLPS). Jack Burns, professeur émérite au département des sciences astrophysiques et planétaires de l’Université du Colorado à Boulder, mentionne que nous assisterons bientôt aux premiers atterrissages de charges utiles scientifiques financées par la NASA sur la Lune depuis plus de 51 ans, depuis l’atterrissage humain Apollo 17 en décembre 1972.

Des missions pionnières sur la Lune

Parmi les charges utiles, celle pour laquelle Burns est co-investigateur, le Radio Wave Observations on the Lunar Surface of the photoElectron Sheath (ROLSES), serait le premier télescope radio sur la Lune, situé au pôle sud lunaire. ROLSES doit y être implanté en février via le module d’alunissage Nova-C d’Intuitive Machines dans le cadre de la mission IM-1 de CLPS.

Un regard neuf sur l’univers primordial

Cela sera suivi deux ans plus tard par l’expérience Lunar Surface Electromagnetics Experiment-Night, ou LuSEE-Night, prévue pour 2026 à bord du module d’alunissage Blue Ghost Mission-2 de Firefly Aerospace. Cette initiative fait également partie du projet CLPS, et Burns est membre de l’équipe scientifique de l’expérience LUNAR sur le côté opposé de la Lune. LuSEE-Night est un télescope radio qui explorera les âges sombres de l’univers primitif, une période antérieure à la naissance des premières étoiles.

De la science-fiction à la science factuelle

Avec ce potentiel et cette montée prometteuse de l’astronomie radio depuis la Lune, Burns affirme « qu’il est essentiel de développer maintenant des accords internationaux pour protéger le côté opposé de la Lune pour l’astronomie radio, car c’est le seul site véritablement silencieux en radio dans le système solaire interne. » Burns souligne que les observations radio depuis la Lune ne relèvent plus de la science-fiction, mais sont devenues une science factuelle.

Conclusion

« Nous entrons dans une nouvelle ère d’investigations scientifiques depuis notre plus proche voisin dans l’espace », conclut Burns. Cette perspective enthousiasmante de l’astronomie lunaire souligne l’importance cruciale de la coopération internationale et de la protection des sites lunaires. Alors que nous franchissons ce nouveau seuil de l’exploration spatiale, l’engagement de la communauté internationale sera déterminant pour garantir le succès et la pérennité de ces projets astronomiques révolutionnaires.

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