Menacée par le lanceur Falcon de l’américain SpaceX, l’Europe a su réagir en mettant sur les rails l’Ariane 6, le lanceur européen qui devra succéder à Ariane 5 à l’horizon 2020.
Alors qu’Ariane a su conquérir plus de 50% du marché commercial des lancements de satellites, son hégémonie est désormais menacée par la politique tarifaire très agressive de l’américain SpaceX et par l’émergence de la concurrence asiatique. Pour faire face à cette menace, l’Europe se devait de réagir et elle l’a fait ce mardi 2 décembre.
C’est à Luxembourg que l’Europe spatiale a décidé de construire Ariane 6, le lanceur européen qui devra succéder à Ariane 5 à l’horizon 2020. Son but sera de faire face à la concurrence féroce dans le lancement de satellites commerciaux.
Dans le cadre d’Ariane 6, les ministres européens de l’Espace se sont engagés sur une enveloppe de 4 milliards d’euros, un montant qui englobe la construction d’un nouveau pas de tir en Guyane et la mise à niveau du petit lanceur Vega.
Ariane 6 est prévu en deux versions, une légère avec deux propulseurs d’appoint et une lourde avec quatre propulseurs. Sa mission sera autant commerciale (satellites télécoms, télévision …) qu’institutionnelle (satellites scientifiques, sondes spatiales …), dans une nouvelle configuration qui vise à anticiper l’évolution du marché, notamment l’importance croissante des satellites à propulsion électrique, plus légers, mais potentiellement plus volumineux.
Même s’il s’agit d’un nouveau lanceur, Ariane 6 va bénéficier de toute l’expertise déjà accumulée en utilisant par exemple les propulseurs d’appoint du moteur à poudre développé pour la version évoluée de Vega (Vega-C). Cette approche va réduire les coûts et les délais, mais aussi assurer une continuité technologique qui va minimiser les risques.
Au final, selon Stéphane Israël, le PDG d’Arianespace, le prix pour un lancement d’Ariane 6 embarquant deux satellites devraient tourner « autour de 120 millions de dollars », soit pratiquement la moitié d’un lancement par Ariane 5.
Cette réunion de mardi a également été l’occasion de se prononcer sur la poursuite de la participation européenne à l’exploitation de la station spatiale internationale (ISS) jusqu’en 2020. Les ministres de l’Espace se sont engagés sur une enveloppe d’environ 800 millions d’euros à ce sujet.
La satisfaction était bien évidemment de mise au terme de cette réunion, à l’instar de Jean-Jacques Dordain, directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA), qui a déclaré : « C’est un succès, j’ose même dire un grand succès ». Même son de cloche pour Geneviève Fioraso, la secrétaire d’État français à la Recherche, qui parle d’une décision « historique » est d’« une réponse forte à la concurrence internationale, dans un secteur stratégique pour la souveraineté européenne, pour son industrie, pour l’emploi ».
La ministre allemande Brigitte Zypries s’est dite pour sa part « satisfaite » en jugeant que « L’accord est bon pour l’industrie et l’emploi en Allemagne », alors que Roberto Battiston, patron de l’agence spatiale italienne a déclaré que « C’était une très bonne réunion ministérielle ».
Alors que le budget sur 10 ans du programme de lanceurs européens est estimé à 8 milliards d’euros, il est par ailleurs bon de préciser que la France assurera 52% de l’effort financier, alors que l’Allemagne contribuera à hauteur de 22%.