Alors que l’euphorie était de mise autour de Tesla, il a suffi d’un accident mortel et d’objectifs de production pas atteints pour que le doute des investisseurs s’installe.
Depuis son lancement en 2003, Tesla n’a pratiquement jamais cessé de séduire les investisseurs. Il faut dire qu’Elon Musk a su miser sur un créneau très porteur, celui des voitures 100 % électriques haut de gamme. Après son Roadster, son Model S et son SUV Model X, la présentation du futur Model 3 a permis à la valorisation de l’entreprise d’attendre des sommets.
Le succès du constructeur a suscité un fort engouement de la part des investisseurs. C’est de cette manière qu’une nième levée de fond a été réussie au mois de mai pour lever 1,46 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros) pour augmenter les capacités de production de l’entreprise. Il faut dire que la firme se retrouve à une charnière clé de son développement. En effet, pour répondre à son succès, elle doit passer la vitesse supérieure en accroissant significativement sa production.
Un accident mortel et des objectifs pas atteints qui sèment le doute
Le problème est que, coup sur coup, plusieurs mauvaises nouvelles sont venues entacher la bonne réputation de Tesla. Alors que plus 373 000 Model 3 ont été commandés, un premier coup de frein est donné le 7 mai avec un accident mortel qui n’a en fait été révélé qu’à la fin juin. Un Model S utilisant le système de conduite autonome Autopilot a percuté de plein fouet un camion, tuant son conducteur sur le coup. « Ce que nous savons c’est que le véhicule était sur une autoroute à double sens avec Autopilot activé quand un poids lourd s’est mis perpendiculairement au Model S. Ni l’Autopilot ni le conducteur n’ont détecté la manœuvre du poids lourd (…) donc les freins n’ont pas été enclenchés », a reconnu le constructeur dans un communiqué.
Comme les États-Unis comptent un accident mortel tous les 150 millions kilomètres et que Tesla enregistre son premier accident mortel sur 209 millions de kilomètres parcourus en mode Autopilot dans le monde, ce drame n’est pas une trop mauvaise nouvelle en elle-même. Les marchés n’ont d’ailleurs pas sanctionné cet accident.
Le doute a commencé à s’installer la semaine suivante, avec un autre accident. Même si ce second accident n’est pas mortel et que l’on ne sait pas encore si le mode Autopilot était enclenché, le doute a commencé à s’immiscer dans les esprits. D’ailleurs, le Wall Street Journal a recensé d’autres accidents impliquant le mode de conduite autonome des Tesla. La NHTSA, l’autorité américaine de contrôle de sécurité routière, a par ailleurs ouvert une enquête pour déterminer la responsabilité du mode Autopilot.
Le doute sur Tesla s’est par ailleurs accru à l’annonce des résultats du constructeur. Avec seulement 18 345 voitures sorties des lignes de production, l’entreprise a manqué ses objectifs de 20 000 unités. Un but qui a été manqué pour le second trimestre consécutif. Alors que la firme parle d’augmenter significativement ses capacités de production, les analystes commencent clairement à douter.
Les doutes ne concernent bien évidemment pas les capacités d’innovation de Tesla, mais surtout l’efficacité de sa mise en production, respectivement de l’industrialisation de ses processus. Alors qu’Elon Musk a évoqué un objectif de production de 500 000 voitures par an à l’horizon 2020, le scepticisme des analystes est de mise.
Même si le discours visionnaire du patron de Tesla a séduit beaucoup de monde, les déconvenues de ces derniers mois ont commencé à entamer la confiance des analystes et des investisseurs. Même si l’entreprise reste valorisée à plus de 28 milliards de dollars, le doute semble s’être désormais installé.