En proposant un scénario complet de la formation de la Terre, des chercheurs français résolvent une énigme qui taraudait l’esprit de scientifiques depuis longtemps.
Les chondrites à enstatite sont une famille relativement commune de météorites. Leurs teneurs en enstatite et en fer en font de bonnes candidates à la formation de la Terre. Le seul problème est qu’elles possèdent un taux significativement trop élevé de silicium, ainsi que trop d’éléments volatils, par exemple le sodium et le potassium. Ce problème était en fait un mystère pour les scientifiques.
En proposant « un scénario complet de la formation de la Terre », des chercheurs français pensent avoir résolu cette énigme sur la formation de notre planète, il y a environ 4,5 milliards d’années.
C’est à partir d’un échantillon de chondrites à enstatite que les chercheurs ont entrepris des expériences à hautes pressions et hautes températures pour reconstituer en laboratoire le processus de formation de la Terre, et ainsi déterminer la composition chimique de sa croûte primitive. Ils ont ensuite modélisé l’évolution de cette composition chimique sous l’effet de l’érosion de cette première croûte par les multiples impacts de météorites.
Ce sont justement ces impacts subits par notre planète qui auraient fait perdre de la masse à la Terre, mais aussi modifié la composition chimique de sa croute.
« Nous avons trouvé le moyen de résoudre ce paradoxe », explique Denis Andrault.
« Alors que la formation de notre planète a impliqué un très grand nombre d’impacts de météorites, ceux-ci ont érodé la surface de la Terre primitive. Cela se serait produit au cours des premiers 100 millions d’années de l’existence de celle-ci », a-t-il estimé.
Les chercheurs ont estimé que la Terre aurait perdu environ 15% de sa masse à cause de ces impacts.
« Si on conjugue le processus d’érosion de la croûte terrestre avec un phénomène de recondensation à la surface d’autres éléments comme l’aluminium et le calcium, on parvient à réconcilier la composition chimique des chondrites à enstatite avec celle de la Terre », précise Denis Andrault.