Dans le grand ballet cosmique régi par les attractions planétaires, certaines planètes ne devraient pas tourner sur elles-mêmes. C’est pourtant le cas, grâce à leurs atmosphères.
Très proches du Soleil, Mercure et Vénus devraient normalement s’arrêter de tourner sur elles-mêmes en raison de la forte attraction exercée, tout comme la Terre l’a fait pour la Lune. Ce n’est pas le cas, pourquoi ?
La réponse a été donnée par Jérémy Leconte, un ancien membre du Laboratoire français de météorologie dynamique (LMD) du CNRS. Aujourd’hui expatriés à l’Institut canadien d’astrophysique théorique à Toronto, ce chercheur français et plusieurs de ses collègues se sont penchés sur ce phénomène, lié à l’atmosphère, qui fait tourner les planètes telles des toupies.
Le rayonnement solaire ne réchauffe pas de manière uniforme les atmosphères. Le chaud se déplaçant vers le froid, cela crée des inhomogénéités qui mettent en mouvement les masses d’air, ce qui contribue à maintenir le mouvement de rotation.
C’est dans Science que Jérémy Leconte et ses collègues publient leurs conclusions sur ce phénomène transposé aux planètes découvertes en dehors du Système solaire. Leur principale conclusion est que : « Selon notre modèle, il n’est pas nécessaire d’avoir une atmosphère très épaisse comme celle de Vénus pour maintenir une rotation significative. Au contraire, plus l’atmosphère est fine, plus l’effet est marqué ».
Cette découverte est fondamentale dans la quête d’une exoplanète potentiellement habitable. Alors que les astrophysiciens craignaient que les planètes découvertes, proches de leur soleil, ne soient pas habitables parce qu’elles présenteraient toujours la même face à leur étoile, ce qui ne sera pas très bon pour l’habitabilité, cette découverte laisse donc espérer que, même avec une petite atmosphère, elles pourraient tourner sur elles-mêmes, ce qui autorise une température plus homogène et autorise la présence d’eau liquide.
Cette découverte est donc une excellente nouvelle vu que même une fine atmosphère suffit à entretenir une rotation propre des exoplanètes.
« C’est vraiment un travail impressionnant sur lequel tout le monde se cassait les dents depuis dix ans », félicite spontanément Franck Selsis, responsable du groupe [exo] Terres à l’observatoire de Bordeaux.
Si la probabilité qu’une exoplanète soit potentiellement habitable peut augmenter grâce à cette découverte, la vérification de cette théorie est pour le moment compliquée.