Après bien des déboires depuis sa mise en orbite, le démonstrateur LightSail a réussi à déployer sa voile solaire le week-end dernier.
C’est à bord d’une fusée Atlas V, le 20 mai dernier, que le démonstrateur LightSail a quitté la Terre. Mais depuis, l’engin a connu bien des déboires.
Constitué de trois CubeSat, une petite structure standard de nanosatellite de 10 cm de côté inventée par des universités américaines, le LightSail a vécu un début de voyage plutôt angoissant. Durant 8 jours, l’ordinateur de bord s’est retrouvé totalement bloqué, tournant à vide sans parvenir à redémarrer.
Ce silence de la sonde a été angoissant pour la Planetary Society, surtout pour son président, le journaliste scientifique vedette aux Etats-Unis Bill Nye. Il reconnaît avoir vécu « des montagnes russes émotionnelles ».
Ce serait grâce à un rayon cosmique, un atome ou une particule chargée qui aurait frappé l’engin, que l’ordinateur a finalement redémarré.
C’est ainsi que, le weekend dernier, le démonstrateur LightSail a pu correctement hisser sa voile solaire, déployer ses quatre triangles de 8 m2 de mylar, un film polymère réfléchissant de 4,5 microns d’épaisseur. Une image prise les caméras du satellite prouve de la réussite de ce déploiement.
Malgré ce succès, le satellite est trop bas, et son envergure trop faible, pour qu’il puisse parvenir à s’arracher à la gravité terrestre, ce qui n’est d’ailleurs pas l’objectif de sa mission. Il s’agit en fait de valider le concept avant un second lancement, en 2016.
Alors que d’autres projets de voilier solaire existent, comme le Nano-Sail-D de la NASA datant de 2008 ou l’IKAROS japonais, le premier voilier solaire à avoir réalisé un voyage interplanétaire en 2010. L’objectif du projet LightSail est moins ambitieux. Il s’agit avant tout d’âtre peu cher, pour rendre cette technologie disponible au plus de monde possible.
« L’idée d’utiliser des voiles pour de petites charges utiles de quelques kilos comme les CubeSat a plus d’avenir que pour les grosses missions d’exploration pour lesquelles il faudrait des voiles de plusieurs milliers de mètres carrés afin d’emporter les centaines de kilos d’instruments scientifiques nécessaires », souligne Jean-Yves Prado, le responsable du programme de physique solaire au CNES.
De plus, à moindre coût, de simples universités pourraient lancer leur propre voilier solaire à la rencontre d’astéroïdes. Cette idée est d’ailleurs même reprise par la NASA vu que son intention est de lancer deux missions avec des CubeSat, en 2018, en direction d’un astéroïde proche et de la Lune.
« Avec une voile de 30 mètres de diamètre, il serait peut-être possible d’atteindre Jupiter avec une petite sonde de quelques kilos en quelques mois contre des années aujourd’hui », prédit Olivier Boisard. [VIDÉO]