L’atterrisseur Philae est entré dans une hibernation éternelle

Hicham EL ALAOUI
Rédigé par Hicham EL ALAOUI

Muet depuis le 9 juillet 2015, l’atterrisseur Philae ne répondra plus. Désormais, les scientifiques ont abandonné tout espoir qu’il rétablisse le contact. Il est entré dans une hibernation éternelle.

L’incroyable histoire de Philae, son incroyable aventure, est désormais achevée. Le dernier chapitre a été écrit le 12 février 2016 lorsque l’Agence spatiale européenne (ESA) a écrit que « L’atterrisseur de la sonde Rosetta est promis à une hibernation éternelle », alors que l’Agence spatiale allemande DLR a pour sa part écrit que « le temps est venu de lui dire au revoir ». Muet depuis le 9 juillet 2015, Philae ne devrait plus jamais communiquer.

Cette nouvelle est bien évidemment très triste, car depuis le 12 novembre 2014, Philae a fait rêver le monde entier. C’est à cette date qu’il a été largué par Rosetta et qu’il s’est posé sur la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko. L’événement a été historique, une première.

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Pourtant, dans les faits, tout n’a pas été aussi parfait que cela aurait pu l’être. Un de ses propulseurs était défectueux, tout comme son harpon qui aurait dû verrouiller l’atterrisseur à la surface de la comète. Ainsi, après la longue descente de sept heures, il a rebondi plusieurs fois.

Après l’euphorie de l’atterrissage, cela a été l’incertitude qui a prévalu. Il a fallu beaucoup de temps pour le localiser exactement. Heureusement, cela n’a pas empêché le robot de mener à bien ses expériences scientifiques.

Ce sont 80% des expériences qui ont pu être réalisée avant que Philae soit à court d’énergie. C’est le mauvais côté de son atterrissage mouvementé, il s’est retrouvé à l’ombre, sans ensoleillement pour recharger ses batteries.

L'atterrisseur Philae posé à la surface de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko, comme le confirme cette image prise par l'instrument CIVA. Un des 3 pieds de l'atterrisseur est visible au premier plan. L'image est une mosaïque. (ESA/Rosetta/Philae/CIVA)
L’atterrisseur Philae posé à la surface de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko, comme le confirme cette image prise par l’instrument CIVA. Un des 3 pieds de l’atterrisseur est visible au premier plan. L’image est une mosaïque. (ESA/Rosetta/Philae/CIVA)

Pas grave, entre les images et les résultats que Philae a transmis, tous les objectifs de sa mission ont été largement atteints même si on peut toujours espérer plus. L’espoir était d’ailleurs que l’atterrisseur sorte de son hibernation lorsque la comète serait plus près du Soleil, avec plus d’ensoleillement.

L’attente a été longue. Le 13 juin 2015, Philae reprend enfin contact avec Rosetta. L’atterrisseur était toujours en vie, il était sorti de son hibernation.

Malheureusement, les transmissions étaient de trop courte durée pour permettre de donner des ordres scientifiques. Entre le 13 juin et le 9 juillet, plusieurs contacts intermittents ont ainsi eu lieu entre Philae et Rosetta. Cela a été le dernier signe de vie de l’atterrisseur.

Le réveil de Philae illustré par l'ESA
Le réveil de Philae illustré par l’ESA

En raison du périhélie qui a rendu la comète très active, Rosetta a dû s’éloigner pour se mettre à l’abri des gaz et poussières éjectés, hors de portée d’une éventuelle communication avec l’atterrisseur. Lorsque la sonde s’est rapprochée à nouveau, le robot est resté muet.

Était-il mort ? Peut-être, peut-être pas. Il est certain qu’il ne pouvait plus communiquer. Les ingénieurs de la mission pensent qu’il pourrait s’agir d’une défaillance des émetteurs et des récepteurs de Philae, ou la poussière qui a couvert ses panneaux solaires le privant d’énergie.

Par ailleurs, en raison de la forte activité de la comète, l’emplacement de Philae peut avoir changé, ce qui signifie que la direction de son antenne n’était plus la même, donc que Rosetta ne pouvait plus les capter.

Une série d'images de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko prise par la caméra OSIRIS de Rosetta le 12 août 2015, quelques heures avant que la comète soit à son point le plus proche du soleil. Les images ont été prises à une distance d'environ 330 km. L'activité de la comète est clairement visible sur ces images spectaculaires. (ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA)
Une série d’images de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko prise par la caméra OSIRIS de Rosetta le 12 août 2015, quelques heures avant que la comète soit à son point le plus proche du soleil. Les images ont été prises à une distance d’environ 330 km. L’activité de la comète est clairement visible sur ces images spectaculaires. (ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA)

Depuis que la comète s’éloigne à nouveau du Soleil, les ingénieurs estimaient que Philae pourrait reprendre contact jusqu’à la fin janvier. En raison de la baisse de l’ensoleillement, cela serait pratiquement impossible au-delà. Cette date limite étant désormais passée, tous les espoirs se sont éteints.

Malgré cette fin douloureuse, Philae nous aura fait rêver. La dernière page de sa belle aventure est désormais achevée.

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