Aussi beau et parfait que soit l’iPhone, il ne serait rien de plus qu’un simple smartphone sans la richesse du catalogue d’applications qui permet à ses utilisateurs de le personnaliser à leur convenance. Preuve de l’importance de l’App Store, il contenait moins de 1 000 références en 2008 lors de son ouverture alors qu’il dépasse le million et demi d’applications aujourd’hui.
Si la richesse du catalogue d’applications est une véritable plus-value pour Apple, le revers de la médaille est que la situation actuelle est devenue démotivante pour les petits développeurs. Ils peinent à promouvoir leurs logiciels tellement ils sont noyés parmi tous les autres programmes proposés. Ressortir du lot parmi 1,5 million d’applications est en effet devenu très compliqué.
« Est-ce que la relation entre Apple et les développeurs est en roue libre ? Je pense que la réponse est oui », déclare Colin Gillis, analyste chez BGC Partners. Il ajoute : « L’App Store est considéré comme une expérience désagréable par de nombreuses personnes. Les règles sont arbitraires et ils prennent une grande tranche de l’argent provenant des ventes ».
Alors que les ventes d’iPhone commencent à reculer, Apple se doit de trouver des solutions pour continuer à engranger de l’argent. La réponse à ce problème ne se situe pas au niveau des iPad, de l’Apple Watch ou de l’Apple TV, des produits qui rencontrent un bon accueil, mais dont les ventes peinent à décoller pour ne pas dire qu’elles reculent. La seule stratégie, en attendant un nouveau produit à même de relancer les ventes, consiste donc à séduire les développeurs.
C’est pour cette raison que la WWDC 2016 qui se déroule cette semaine à San Francisco est l’occasion pour Apple de lancer une grande offensive de charme à destination des développeurs. Le début de l’offensive de la marque à la pomme n’a d’ailleurs pas attendu l’ouverture de la conférence.
La semaine dernière, l’entreprise californienne a en effet déjà annoncé plusieurs changements au niveau de l’App Store. Une des facettes est financière avec les 30 % prélevés par Apple sur les produits proposés qui seront réduits à 15 % sur les abonnements souscrits depuis plus d’un an. Pour aider les développeurs à mettre en avant leurs créations, Apple annonce également l’arrivée de la publicité pour faire la promotion des applications au sommet des résultats de recherche dans l’App Store.
En fait, c’est depuis décembre dernier, depuis que l’App Store est passé sous la houlette de Philip Schiller, que la boutique est en train de muer pour séduire les développeurs. Son nouveau patron a commencé par accélérer le processus d’approbation des applications pour leur faire perdre moins de temps.
La campagne de séduction d’Apple sera aussi technique. À croire les rumeurs, la marque à la pomme devrait profiter de la WWDC 2016 pour annoncer l’ouverture de l’assistant virtuel Siri aux développeurs. En clair, ils devraient pouvoir intégrer différentes fonctionnalités de l’assistant vocal à leurs applications.
L’exemple de l’application Fanify résume parfaitement la situation actuelle. Développée par Loni Schuman, elle permet aux musiciens de concerts live-stream de créer une tirelire virtuelle pour récolter des pourboires, « comme un artiste de rue, mais dans une application » explique son développeur. Son lancement était prévu le 1er juin avec le soutien de plusieurs artistes. Mais voilà, Apple a fait office de grain de sable dans une belle mécanique.
Au lieu d’être validé en un ou deux jours comme c’est normalement le cas, son examen a pris une dizaine de jours. Son verdict a ensuite été « non » parce que la méthode de paiement utilisée par Fanify utilisait les services de paiement en ligne PayPal et Venmo, des solutions qui violent les exigences d’Apple en matière de paiements… qui l’empêchent surtout de prélever 30 % au passage. C’est pour cela que son développeur a dû réécrire son application, mais en recourant à iTunes. Au final, l’application a été mise en ligne neuf jours après le premier concert prévu pour utiliser cette solution. « Apple a ruiné le lancement », déplore Loni Schuman.
De plus, ce ne sont pas les 20 milliards de dollars de recette de l’App Store en 2015 qui vont consoler Loni Schuman ni les 40 milliards reversés aux développeurs depuis la création de la plateforme. C’est le genre d’histoire qui nuit à la marque à la pomme et qui la pousse à lancer sa campagne de séduction.