Parce qu’il est calciné et écrasé, c’est grâce à l’imagerie numérique 3D qu’un manuscrit a été identifié comme étant le plus ancien texte de l’Ancien Testament jamais découvert à ce jour.
C’est près de la rive occidentale de la Mer morte, lors de travaux d’excavation à la synagogue d’Ein Gedi (Palestine) réalisés en 1970, qu’un manuscrit a été découvert. Toute sa structure principale étant brûlée et écrasée, le document ne pourra jamais être ouvert en raison de son mauvais état. Grâce à une nouvelle technique d’imagerie numérique 3D, son contenu a tout de même pu être identifié.
Mise au point par une équipe de recherche américano-israélienne, cette nouvelle technique d’imagerie numérique en 3D a permis de découvrir que ce manuscrit est une très ancienne version d’un texte de l’Ancien Testament datant d’au moins quinze siècles. Fait de peau d’animal, ce document est une version du lévitique, le troisième des cinq livres de la Torah. Il contient les deux premiers chapitres. C’est dans la revue scientifique américaine Science Advances que cette découverte est expliquée.
En utilisant cette technique, les chercheurs ont réussi à reproduire virtuellement une image du document entièrement déroulé, à savoir un texte de 35 lignes. « Nous avons été très surpris de la qualité de ces images. La plus grande partie du texte est lisible ou tout au moins presque aussi lisible que ceux des manuscrits préservés de la mer morte […] ce manuscrit représente le texte biblique le plus complet et le plus significatif de l’antiquité mis au jour », a commenté Michael Segal, directeur de la faculté de Philosophie et de Religion à l’université Hébraïque de Jérusalem. « Nous avons été frappés par le fait que certains passages sont identiques dans le moindre détail calligraphique et l’organisation des sections au texte massorétique, qui fait autorité au sein du judaïsme », a-t-il ajouté.
Une technologie pleine d’espoir pour les manuscrits de la mer Morte
Désormais, l’espoir de la communauté scientifique est que cette technique puisse justement être appliquée aux manuscrits de la mer Morte ou aux papyrus carbonisés d’Herculanum. La plupart de ces manuscrits n’ont toujours pas pu être déchiffrés en raison de leur mauvais état.
Pour pouvoir lire à l’intérieur du manuscrit, les scientifiques ont utilisé une tomographie numérique avancée, un scanner en 3D qui a pu détecter les traces de métal contenu dans l’encre et la texture du document. « Ces travaux ouvrent une nouvelle fenêtre nous permettant de remonter dans le temps en lisant des documents dont on pensait qu’ils étaient perdus vu leur mauvais état de conservation », a expliqué Brent Seales, professeur de sciences informatiques à l’université du Kentucky. « Il existe tellement d’autres manuscrits uniques et fascinants qui pourraient ainsi livrer leurs secrets », a-t-il souligné.