Un iceberg « tueur » menace les colonies de manchots

Hicham EL ALAOUI
Rédigé par Hicham EL ALAOUI

Depuis l’épisode du Titanic, on sait pertinemment que les icebergs peuvent être mortels. C’est une nouvelle fois le cas, en Antarctique, avec des milliers de manchots qui sont déjà morts et des colonies entières qui risquent de mourir à cause d’un bloc de glace géant.

Un iceberg a une nouvelle fois été meurtrier. Ce n’est pas les passagers d’un paquebot, comme le Titanic, qui sont morts cette fois, mais des milliers de manchots. Une étude publiée dans la revue Antarctic Science explique que c’est à cause de l’échouage de l’iceberg géant B09B dans la baie du Commonwealth.

Un iceberg en Antarctique semble parfaitement normal. Pas dans ce cas précis. En temps normal, la baie du Commonwealth sert de berceau à plusieurs espèces, dont les manchots d’Adélie. Grâce aux vents, ses côtes sont habituellement libres de glace. Les microalgues qui se développent servent à nourrir le krill, krill qui nourrit alors les manchots.

Mais depuis que l’iceberg géant B09B a échoué dans la baie du Commonwealth, la zone de mer qui le sépare du continent s’est recouverte d’une glace épaisse. De fait, les manchots qui nichaient-là n’ont plus accès à l’eau, donc plus d’accès à la nourriture. Les animaux peuvent bien évidemment toujours se nourrir, mais après avoir parcouru plus de 60 kilomètres sur la glace. Le souci est que les manchots sont d’excellents nageurs, mais de piètres marcheurs.

En 1913, Sir Douglas Mawson avait dénombré plus de 200 000 manchots dans la baie. Depuis, ce chiffre est resté relativement stable au fil des années. Par contre, un an après l’arrivée de l’iceberg, les chercheurs ont constaté un rapide déclin de la population de manchot. Dans leur étude, les chercheurs parlent de « quelques milliers d’oiseaux tout au plus, peut-être moins de mille », « de centaines d’œufs abandonnés », « un sol jonché de carcasses asséchées des poussins de la saison précédente », « de manchots anormalement silencieux et apathiques et aucun jeune semblant chercher à fonder un nouveau foyer », etc. À l’inverse, plus proche de l’eau libre, la situation est pratiquement normale avec peu de nids abandonnés.

Le drame est réel. Le fait de devoir parcourir de longues distances pour se nourrir a fait que près de 150 000 manchots seraient déjà morts à cause de cet iceberg. La situation ne devrait pas s’améliorer. Les petits sont incapables de parcourir une telle distance alors que les adultes sont contraints de les sacrifier pour simplement survivre.

Si l’iceberg B09B ne se décide pas à quitter la zone, la population de manchot du Cap Denison pourrait disparaitre dans les 20 ans selon les chercheurs. Le paradoxe de cette tragédie est que l’on ne parle pas de la fonte des glaces, mais de la présence de la glace.

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