L’accès à internet devient de plus en mobile, ce qui est un changement radical pour les géants du web. Pour ne pas être largué, il va falloir s’adapter, ce qui va être un défi pour des entreprises telles que Google.
Les smartphones sont rentrés dans nos habitudes, ce qui met internet à la portée de notre téléphone mobile. Cela peut sembler anecdotique de le dire comme ça, mais cela a pourtant d’importantes conséquences.
Selon une étude de Médiamétrie, 43,7% du surf réalisé au mois de septembre s’est fait à partir d’un smartphone, 9% depuis une tablette et désormais moins d’une visite sur deux depuis un ordinateur.
Même constat chez Google qui a récemment annoncé que le nombre de requêtes sur son moteur de recherche provient désormais majoritairement des appareils mobiles à l’échelle mondiale, un passage à la mobilité qui s’est accru ces derniers mois vu qu’elle se cantonnait précédemment seulement à quelques pays.
Conséquences
Les conséquences sont minimes pour les internautes qui ne font en fait que changer de support pour consommer de l’internet. Par contre, les changements concernent avant tout les entreprises.
Un écran de smartphone n’a rien à voir avec un écran d’ordinateur. De fait, il devient urgemment prioritaire que les webmasters adaptent leurs sites pour qu’ils s’affichent correctement sur toutes les tailles d’écran, du téléphone mobile au PC en passant bien évidemment par la tablette.
L’enjeu de la mobilité concerne aussi les annonceurs. Pour eux, il est donc obligatoire de faire évoluer leurs canaux de communication et de désormais privilégier les appareils mobiles.
Justement, question publicité, cela concerne aussi les régies, Google en tête, qui doivent justement proposer des canaux de communications aux annonceurs.
Le hic, c’est que Google avait pratiquement pu faire cavalier seul en matière d’ordinateur, ce qui explique son écrasante domination, un scénario qui ne risque pas forcément de se reproduire. En effet, la concurrence sait pertinemment que la firme de Mountain View va tout faire pour s’accaparer tout le marché, en tout cas le maximum.
L’offensive Google commence d’ailleurs avec Android, le système d’exploitation mobile le plus déployé dans le monde. Pour que les mobinautes puissent profiter d’applications pour Marshmallow, Lollipop ou encore KitKat, les fabricants doivent adhérer aux règles imposées par le géant du web, des règles qui consistent justement à proposer ses services… dans le but de tirer toute la couverture à lui.
Malheureusement pour Google, l’essai a bel et bien été tenté, mais n’a pas forcément été transformé. En effet, la justice russe a déjà prononcé une décision ordonnant à la firme de Mountain View de ne plus contraindre les fabricants à installer Google Search comme moteur de recherche par défaut sur Android, ainsi que de préinstaller tous ses services.
Plus grave pour Google, des décisions similaires pourraient être prochainement prises en Europe et aux États-Unis où des enquêtes sont ouvertes sur la présomption d’abus de position dominante de Google.
En conséquence, aussi bien armé que soit Google pour amorcer le virage vers la mobilité, ses principaux atouts semblent de plus en plus hors-jeu.
Un Google nouveau ?
Si la justice décide que la concurrence doit être sur le même pied d’égalité que Google sur Android, les choses vont sérieusement se compliquer pour la firme de Mountain View. Cela va signifier qu’il faudra trouver d’autres leviers, c’est-à-dire d’autres moyens de contrôler un maximum du trafic web mobile. Quelles sont les pistes ?
Promouvoir son moteur de recherche est une piste dangereuse. En effet, la décision de la justice russe prévoit que Yandex peut être le moteur par défaut, ce qui signifie une perte de part de marché, et surtout que d’autres pays pourraient prendre des décisions semblables.
La publicité via sa régie publicitaire AdWords est une autre piste. Celle-ci s’annonce toute aussi compliquée. Si quelqu’un n’a pas raté le virage de la mobilité, ce sont bien les réseaux sociaux, Facebook en tête, des entreprises qui arrivent avec leur propre régie publicitaire.
Que reste-t-il donc comme option à Google ? Simplement relever le défi de la mobilité à armes égales avec la concurrence et à se réinventer, à trouver d’autres manières de rentabiliser les internautes.
Justement, en parlant de réinvention, on peut se poser la question de savoir si la mue organisationnelle de Google, qui est devenue une filiale de la holding Alphabet, ne fait pas quelque part partie de ce Google nouveau, une entreprise qui va devoir trouver un nouveau visage.