Tout le monde le dit, François Hollande est jupitérien. Mais au fait, cela signifie quoi « être jupitérien » ? Explication.
Dans Challenges, Bruno-Roger Petit écrit « plus que jamais, c’est le sphinx jupitérien de l’Élysée qui tient les clés du destin de la gauche ». Un conseiller élyséen a expliqué que « Le président veut rester jupitérien, dans un registre de gravité, le plus longtemps possible ». Le journaliste indépendant François Bazin a quant à lui parié « sur un prochain lancer de foudre, modèle jupitérien ». Plus globalement, durant toute cette année, les médias ont utilisé le qualificatif « jupitérien » en parlant de la communication de François Hollande. Qu’est-ce que cela veut dire exactement ?
Le qualificatif « jupitérien » fait bien évidemment référence à Jupiter, pas la planète, mais le dieu romain. Il gouverne la terre et le ciel, et tous les êtres vivants qui s’y trouvent. Il a pour attribut l’aigle et la foudre. On retrouve ces références, « Dans une France inviolable, un De Gaulle inégalable. Voilà réalisé le rêve absolu. Pas de Jupiter sans foudre. Sans Jupiter, que serait la foudre ? », dans la biographie du général De Gaulle écrite par Jean Lacouture, une référence aux premiers essais nucléaires français en 1960. Cela démontre que qualificatif « jupitérien » est lié à la politique française depuis longtemps.
Autre preuve de l’existence de ce lien entre le Président de la République et Jupiter, le poste de commandement installé dans les sous-sols de l’Élysée, le lieu d’où est commandée l’arme nucléaire, s’appelle le « PC Jupiter ». Mais ce n’est pas tout.
Être « jupitérien » de fait pas que référence à l’arme nucléaire. Dans les années 80, le terme est devenu à la mode en parlant de François Mitterrand. Pourquoi ? Parce que Jacques Pilhan et Gérard Colé ont repris en main la stratégie de communication du Chef de l’État. Concrètement, « À l’approche d’une cohabitation qui paraît hautement probable, Jacques Pilhan dessine, ni plus ni moins, le visage d’un président « jupitérien », capable, entre de longues phases de silence, de lancer la foudre au moment opportun », écrit François Bazin dans sa biographie de Jacques Pilhan. « C’est un « Jupiter », commente une collaboratrice de l’agence lorsqu’on lui le présente », écrit-il encore.
Le qualificatif « jupitérien » définit donc des frappes brutales, qui peuvent aussi bien être militaires que verbales. Tout comme pour François Mitterrand, François Hollande est un « jupitérien » oral dans le sens où c’est sa communication qui est désormais faite de coups de foudre, un mode de communication qui semble légitime à la vue de la complexité de l’année écoulée.
Le contraste est d’autant plus flagrant que, avant d’être élu Chef de l’État, François Hollande était plutôt connu pour sa mollesse. Le découvrir « jupitérien » peut sembler contre nature.