Les péripéties du couple Rosetta-Philae nous ont passionnés pendant de nombreux mois en nous faisant découvrir de très près la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko. Cette mission a passionné le grand public, mais aussi les scientifiques. Les données collectées par les divers instruments sont de précieuses informations pour aider à comprendre les mystères de l’univers, pour concevoir comment la vie est apparue sur la Terre ? On a beaucoup parlé de son eau. Mais aujourd’hui, c’est l’oxygène détecté qui fait parler de lui.
C’est un peu à la surprise générale que l’instrument ROSINA de Rosetta a détecté de l’oxygène sur Tchouri. Suite à la découverte de cet élément, les chercheurs se sont bien évidemment penchés sur son origine.
Une équipe internationale de chercheurs, dirigée par les Français Olivier Mousis du Laboratoire d’astrophysique de Marseille (CNRS/Aix-Marseille Université), Françoise Pauzat et Yves Ellinger du Laboratoire de chimie théorique (CNRS/Université Pierre et Marie Curie), livre une explication sur l’origine de l’oxygène découvert sur Tchouri. Selon eux, il aurait été formé à partir de molécules d’eau cassées par le bombardement des rayons cosmiques galactiques.
Toutes les comètes se sont créées à partir de petits grains de glace, des grains qui se sont eux-mêmes formés dans le nuage protosolaire, un agrégat de gaz et de particules qui est devenu par la suite le système solaire. Dans le cas de Tchouri, l’oxygène était déjà présent dans ses grains de glace, ce qui prouve que la présence de ce gaz date d’avant le système solaire. « Dans le milieu interstellaire, cette glace a été irradiée, bombardée de rayons cosmiques », explique Olivier Mousis. « Cela a fait fondre une partie de la glace et a donc créé de l’oxygène. Ensuite l’oxygène est resté prisonnier dans la glace. À mesure que la comète s’approche du soleil, la glace fond et l’oxygène est relâché dans sa chevelure. Un phénomène n’a pas échappé aux capteurs de la sonde Rosetta », ajoute le chercheur.
En résumé, les chercheurs ont démontré que cet oxygène serait plus ancien que le système solaire. « Les molécules d’oxygène ainsi formées se seraient stabilisées lors de leur inclusion dans les trous créés dans la glace d’eau par le bombardement des rayons cosmiques galactiques. Ces grains de glace auraient par la suite été transportés dans les parties externes de la nébuleuse protosolaire, et se seraient agglomérés pour former les comètes », indique l’étude. Ces travaux vont permettre de mieux comprendre la formation de l’univers.