Une bonne partie du monde adopte la vision de la Chine d’un Internet étroitement contrôlé au détriment de l’approche américaine sans entrave, un coup d’État idéologique stupéfiant pour Pékin qui aurait été impensable il y a moins de dix ans.
Le Vietnam et la Thaïlande font partie des pays de l’Asie du Sud-Est qui se préparent à adopter un modèle de gouvernance fondé sur des contrôles sans faille des données, car ils contribuent à préserver le régime en place. Un nombre croissant de gouvernements de plus en plus autocratiques de la région ont observé avec émerveillement l’émergence de titans de sociétés chinoises, de Tencent Holdings Ltd. à Alibaba Group Holding Ltd. – en dépit de restrictions draconiennes en ligne. Et maintenant, ils veulent la même chose.
Le modèle de la Silicon Valley plus évolué a déjà paru incontestablement être la meilleure approche, avec des stars de Google à Facebook pour se porter garant de sa supériorité. De la Russie à l’Inde, on assiste maintenant à une refonte de l’Internet en une sphère étroitement contrôlée et épurée de l’image de la Chine. Pourtant, c’est l’Asie du Sud-Est qui est le pivot économique et géopolitique des ambitions chinoises et où les tensions américano-chinoises vont s’intensifier: une région abritant plus d’un demi-milliard de personnes dont l’économie Internet devrait tripler pour atteindre 240 milliards de dollars d’ici 2025.
«Pour les pays autoritaires en général, l’idée selon laquelle un État peut isoler un peu Internet est très attrayante», a déclaré Howard French, auteur de «Tout le monde à l’envers : Comment le passé aide-t-il le mouvement de la Chine pour le pouvoir mondial». «Il s’agit de la survie des régimes dans une situation autoritaire. C’est pourquoi ils aiment faire cela. Ils veulent pouvoir s’isoler contre les chocs.»