Avec son étude intitulée « Uber, the transportation virus », Fabernovel compare l’entreprise de VTC Uber à un virus qui infecterait toutes les villes.
Uber fait toujours autant parler de lui en suscitant toujours autant de grogne auprès des taxis. Plutôt que de simplement critiquer l’entreprise californienne, l’agence de conseil en innovation Fabernovel a publié une étude qui décortique le modèle de la start-up qui a révolutionné le transport. Intitulé « Uber, the transportation virus », ce rapport compare le phénomène Uber à un virus qui infecterait toutes les villes.
Lorsqu’il est utilisé dans le cadre des réseaux sociaux, le terme viral n’a pas de connotation négative. Ce qui n’est pas le cas de cette analyse sans concession d’Uber. C’est ainsi que Fabernovel souligne que cette étude est « une analyse dépouillée de toute considération idéologique ou politique » concernant ce « jeune géant mi-fascinant, mi-repoussant ». « Cette étude a demandé plusieurs mois de travail, elle n’a pas été faite avec Uber.
On a mouliné, retraité tout ce qui est sorti sur Uber, mené une réflexion. Le but n’est pas de prendre parti, de dire si Uber est gentil ou méchant, mais d’analyser le modèle, de comprendre comment Uber a réussi son coup d’État sur le marché du transport », détaille Stéphane Distinguin, le fondateur et directeur général de Fabernovel.
L’auteur de l’étude, Kevin Echraghi, explique que l’entreprise américaine a adopté « un modèle de développement biologique » au rythme de croissance extrêmement rapide, un modèle qui passe par les habituelles phases qui sont : synthétiser, planter les germes, devenir contagieux, muter, se défendre… tout comme un virus. « C’est un agent infectieux qui se propage dans l’organisme de la ville, qui a réussi à en prendre le contrôle », souligne l’analyste.
Avec 1 million de chauffeurs dans le monde, 3 millions de courses par jour, 1 milliard de courses depuis sa création, 10 milliards de dollars de réservations en 2015, 32 fois moins d’employés que General Motors mais une valorisation 50 % supérieure, Uber est en train de « dévorer le monde » en étant déjà présent dans 470 villes dans 70 pays.
La raison de son succès repose avant tout sur l’identification d’un marché mal servi tout en réussissant à résoudre la problématique des taxis », à savoir proposer un service fiable, abordable, avec « une excellente expérience utilisateur ».
Incubation, puis contagion
Pour se propager tel un virus, Uber a sélectionné avec soin les villes où s’implanter en priorité. L’entreprise a cherché en priorité « les accélérateurs de croissance » : des restaurants, une vie nocturne, des événements sportifs… C’est ainsi que Paris a été la première ville où le service s’est développé en dehors des États-Unis.
Pour se propager, le « virus » s’adapte aux conditions locales, comme l’acceptation des paiements liquides en Inde par exemple. À grands coups de parrainage, elle compte aussi sur les utilisateurs pour drainer d’autres utilisateurs, mais aussi avec des primes alléchantes pour séduire de nouveaux conducteurs.
Pour se propager encore plus, pour toucher encore plus de monde, Uber a aussi su s’adapter, muter pour toujours mieux s’adapter à la demande du marché. Du transport individuel, le VTC est passé au transport collectif (Uber Pool), des mutations qui lui ont permis de croître de façon exponentielle avec des ramifications dans la logistique (UberEats).
Mais comme tous les virus, il existe des vaccins et des remèdes pour le combattre. La coalition qui s’est dressée contre Uber, avec des appuis politiques, est un grain de sable capable de perturber la belle mécanique de l’entreprise américaine.
Les chauffeurs, pièces maîtresses du modèle économique, sont par ailleurs le maillon faible. Leur revenu dicte leur assiduité. De plus, Ola (Inde), Didi (Chine), Grab (Malaisie) et Lyft (États-Unis) sont là pour ne pas laisser la place libre à Uber. [VIDÉO]