Pour pouvoir enfin observer le trou noir qui est au centre de la Voie Lactée, un télescope planétaire est en cours de réalisation en reliant entre eux des télescopes dans le monde dans le cadre de l’EHT.
Le VLT, grâce à des techniques spéciales d’imagerie, a permis de suivre avec une précision inégalée le voyage de plusieurs étoiles autour du Centre Galactique. C’est leurs trajectoires qui a trahi l’influence gravitationnelle d’un trou noir super massif au centre de la Voie Lactée. Pour pouvoir l’observer, il faut concevoir un télescope à l’échelle planétaire. C’est dans ce contexte que le projet de l’« Event Horizon Telescope » (EHT) est né.
L’idée des astronomes du monde entier est de relier des télescopes du monde entier pour former le premier instrument qui serait capable de prendre des photos détaillées d’un trou noir. Même si le trou noir de la Voie Lactée, connu sous le nom de Sagittaire A* (à prononcer « Sagittaire A-star »), est quatre millions de fois plus massif que le Soleil, il est minuscule aux yeux des astronomes. Comparativement, cela correspondrait à une personne sur Terre qui voudrait observer un pamplemousse sur la Lune.
Pour autant que l’initiative EHT aboutisse, cela serait la première fois qu’un trou noir serait observé alors même que rien ne peut lui échapper, même pas la lumière. En fait ce n’est pas le trou noir qui sera observé, mais sa bordure. « Les objectifs de l’EHT sont de tester la théorie de la relativité générale d’Einstein, de comprendre comment les trous noirs mangent et générer des sorties relativistes et de prouver l’existence de l’horizon des événements, ou « bord » d’un trou noir », explique Dan Marrone.
Depuis cette semaine, le South Pole Telescope est en ligne avec l’Atacama Pathfinder Experiment au Chili, le Large Millimeter Telescope au Mexique, le Submillimeter Telescope en Arizona (États-Unis), le Combined Array for Research in Millimeter-wave Astronomy en Californie (États-Unis), le Submillimeter Array and James Clerk Maxwell Telescope à Hawaii (États-Unis) et les télescopes de the Institute for Radio Astronomy Millimetrique (IRAM) en Espagne et en France.
« Pour que cela fonctionne, il fallait apporter une technologie de pointe à certains des endroits les plus reculés au monde », explique Alan Roym de l’Institut Max-Planck de radioastronomie. « C’est un défi logistique d’inclure un nombre croissant de télescopes d’Hawaii à l’Europe, de l’Amérique du Nord au Chili et au pôle Sud afin de nous fournir une qualité d’image améliorée et nette ».
De fait, l’EHT possède une résolution 1 000 fois supérieure à celle du télescope spatial Hubble.
Si la théorie de la relativité générale est correcte, le trou noir sera invisible, car même la lumière ne peut pas s’échapper de son attraction. Par contre, sa bordure pourra être visible.
Pour encore améliorer les caractéristiques de l’EHT, il est prévu que plusieurs autres télescopes rejoignent le projet au courant de l’année prochaine.