Depuis qu’Edward Snowden s’est réfugié à Moscou, c’est la première fois l’homme le plus recherché au monde accorde une longue interview, en l’occurrence au journaliste d’investigation James Bamford du magazine Wired.
En titrant « Edward Snowden – the untold story » (« Edward Snowden – l’histoire inédite »), le magazine Wired a publié un entretien exclusif avec l’homme le plus recherché au monde. C’est le journaliste d’investigation James Bamford qui a eu cet honneur de tenter de comprendre les raisons qui ont poussé l’ancien consultant de la NSA à divulguer les pratiques de l’agence gouvernementale américaine.
En guise de préambule à cet entretien, James Bamford explique que les négociations pour cette interview ont duré près de neuf mois, et que c’est certainement le fait qu’il a fait partie des premières personnes à avoir écrit sur la NSA qui a dû faire pencher la balance en sa faveur.
C’est de cette manière que l’on apprend qu’Edward Snowden est né en 1983, qu’il est passé par les forces spéciales de l’armée américaine avant de se retrouver avec un « boulot d’agent de sécurité dans une installation top secrète » après s’être cassé les deux jambes lors d’un entraînement.
Après avoir travaillé pour la CIA, il enchaine avec la NSA, via des entreprises sous contrat, pour finir à la tête d’un service. Comme il le dit : « J’étais l’expert en technologie référent d’un bureau de partage d’informations à Hawaï. J’avais accès à tout ! ».
C’est ainsi qu’il relate plusieurs anecdotes, comme la coupure accidentelle d’internet en Syrie suite à une erreur de l’unité de hackers de la NSA (TAO), le fait de dépasser les bornes en matière de hacking contre la Chine, par exemple en piratant des universités, des hôpitaux et les infrastructures civiles, ou encore le programme de défense informatique Monstermind qui doit analyser tout le trafic internet pour repérer une attaque et contre-attaquer aveuglément, même contre des innocents. À cela, il faut ajouter le mensonge de James Clapper, ancien directeur du renseignement, qui a affirmé au Sénat que la NSA « ne collectait pas sciemment » des millions d’informations sur les Américains, la goutte d’eau qui a fini par faire déborder le vase.
Décidé à sortir des documents, malgré ce que certains affirment, il a laissé des traces à ses anciens collègues, « des clés » qui devaient permettre de distinguer ce qui serait sorti de ce qui a simplement été consulté, de manière à laisser du temps aux services de renseignement pour éventuellement se retourner sur le terrain. Malheureusement, ces clés n’auraient pas été trouvées…
Malgré toutes les précautions dont il s’entoure, Edward Snowden ne se fait pas d’illusion sur la fin de son histoire. Il confie que tôt ou tard, « Je vais déraper et ils vont me hacker. Ça va arriver… ».
Il est encore bon de préciser qu’Edward Snowden n’a aujourd’hui accès à aucun document qu’il a subtilisé, mais aussi que certains documents publiés laissent à penser qu’une deuxième fuite pourrait exister, ce qui signifie que l’affaire n’est de loin pas encore prête à s’achever là.
« … l’homme le plus recherché au monde… »
En fait, plutôt que de passer tout son temps à espionner nos boites à lettres, sans doute que la NSA y gagnerait beaucoup à juste lire la presse : Snowden est en Russie…