Les accusations pleuvent toujours contre Edward Snowden, celui qui a révélé au grand jour l’existence du système de surveillance de masse mis en place par la NSA. Mais aujourd’hui, les propos de certains responsables américains se veulent plus nuancés. Ils sont plusieurs à affirmer que ce qu’il a fait « a rendu un service ».
C’est par exemple le cas d’Eric Holder, l’ancien ministre de la Justice des États-Unis. Il vient de déclarer qu’« On peut discuter de la manière dont il l’a fait, mais je pense qu’Edward Snowden a rendu un service public en ouvrant le débat ». « Je continue à penser que ce qu’il a fait était inapproprié et illégal […] Mais je pense aussi que, lors de la décision sur sa sentence, le juge devrait prendre en compte l’utilité qu’a eue ce débat national qu’il a déclenché », a-t-il ajouté.
Michael Hayden, l’ancien directeur de la NSA et de la CIA, est pratiquement du même avis. Dans son livre « Playing to the Edge », il écrit que « d’une certaine manière, et de façon limitée, Snowden a aussi été un cadeau. Je ne lui souhaite pas le sort réservé aux canaris dans les mines, mais il a eu le même rôle — il est la conséquence visible d’un changement culturel majeur qui a redéfini la légitimité du secret, les nécessités de la transparence, et les fondements du consentement des gouvernés ».
De tel propos de la part de Michael Hayden ont quoi surprendre vu que c’est lui, en 2013, qui préconisait de placer le lanceur d’alerte sur une liste des personnes à abattre. Aujourd’hui, il déclare : « 2 % de ce que Snowden a révélé, la partie sur la vie privée, a accéléré un débat nécessaire. Les 98 % restants concernaient la manière dont les États-Unis et d’autres pays collectent des informations légitimes… Cela a été incroyablement néfaste ».
Alors que les politiques, par exemple Hillary Clinton, prétendent qu’Edward Snowden aurait dû passer par la voie hiérarchique pour dénoncer les débordements constatés, les révélations faites que vient de faire John Crane prouvent qu’il a eu raison d’agir de la sorte. L’ancien responsable qui encadrait Edward Snowden a donné l’exemple de Thomas Drake, trahi par l’administration et poursuivi en justice pour avoir voulu suivre la voie officielle pour dénoncer des débordements. Il avait finalement été innocenté après de longues années de procédures judiciaires.
Entre Eric Holder et Michael Hayden, il est clair que l’état d’esprit envers les révélations d’Edward Snowden est en train de changer auprès des responsables américains. C’est ainsi que, depuis Moscou, le lanceur d’alerte a publié un tweet en forme de chronologie : « 2013 : c’est une haute trahison ! 2014 : Peut-être pas, mais c’était inconsidéré. 2015 : Bon, techniquement, c’était illégal. 2016 : C’était un service public, mais. 2017 : ? ».
2013: It's treason!
2014: Maybe not, but it was reckless
2015: Still, technically it was unlawful
2016: It was a public service but
2017:
— Edward Snowden (@Snowden) 30 mai 2016