Malgré une gangue d’argile qui enveloppe une grande partie de son squelette, les mystères du dinosaure Heterodontosaurus ont été révélés aux rayons X.
L’Heterodontosaurus est un petit dinosaure d’Afrique du Sud qui vivait il y a environ 200 millions d’années. Il s’agissait d’un herbivore qui mesurait environ 1 mètre de la tête à la queue. Alors que son nom signifie « lézard aux dents diverses », il possède plusieurs sortes de dents, dont de solides canines dont on se demande à quoi elles lui servaient.
On doit la découverte d’un fossile de Heterodontosaurus à Billy de Klerk, un paléontologue sud-africain qui l’a découvert il y a plusieurs années dans le lit d’une rivière près du Lesotho. Pour récupérer le fossile, il avait dû le découper en plusieurs morceaux.
L’Heterodontosaurus arrive en France dans trois mallettes
Pour percer les mystères du Heterodontosaurus, le fossile est arrivé en France dans trois mallettes noires. C’est par l’European Synchrotron Radiation Facility (ESRF) qu’il a été pris en charge. Cette vaste installation internationale est capable de produire des rayons X qui sont 100 milliards de fois plus brillants que ceux utilisés dans les hôpitaux.
Comme l’explique Vincent Fernandez, paléontologue à l’ESRF, cela permet de « déterrer virtuellement » un fossile en l’extrayant de sa gangue de roche argileuse dans le cas du Heterodontosaurus.
Pour cela, le petit dinosaure d’Afrique du Sud a été soumis à des rayons X très brillants pendant cinq jours et cinq nuits, qui a permis de faire apparaitre l’ensemble de son squelette. « C’est fantastique ! », s’est réjoui le paléontologue sud-africain Jonah Choinière.
De nombreux mystères à percer
« Nous sommes venus en France avec plein de questions », explique Jonah Choinière. « Nous voulons essayer de mieux comprendre comment ce dinosaure respirait, comment il mangeait, comment il se déplaçait ».
« La question scientifique principale est de savoir à quoi lui servaient les petites plaques osseuses qu’il a entre les côtes », précise Vincent Fernandez. Le même genre de plaque est présent chez les oiseaux, pour aider à la respiration. « Mais l’Heterodontosaurus n’a rien à voir avec la branche qui a donné les oiseaux. C’est donc étrange », commente le paléontologue. Une autre interrogation concerne le rôle des petites côtes qui recouvraient son abdomen.
« En cinq jours, nous avons réalisé 321 scans et accumulé quelque 4 000 gigaoctets de données », explique Vincent Fernandez. Pour analyser toutes ces données, pour percer les secrets du Heterodontosaurus, Jonah Choinière estime qu’il faudra environ deux ans avant de pouvoir publier une étude scientifique sur le fossile.