Dans le cadre de l’initiative internet.org lancée par Facebook, l’application Free Basics permet d’accéder gratuitement à un certain nombre de services en ligne : Facebook, la météo, un moteur de recherche, etc. Son utilisation vient d’être suspendue en Inde.
D’un côté, on a l’initiative internet.org lancée par Facebook qui vise à connecter tout le monde à internet par le biais d’outils gratuits. De l’autre, on a l’Inde qui est un pays très soucieux de la neutralité du net. Ces deux positions pourraient parfaitement cohabiter si les deux visions étaient similaires, ce qui n’est pas le cas. Des clashs se succèdent.
Une première escarmouche a eu lieu en février dernier. Des voix s’étaient élevées pour dénoncer la mainmise de Facebook sur Free Basics, une application mobile permettant à ses utilisateurs de profiter gratuitement d’un certain nombre de services en ligne : Facebook, la météo, un moteur de recherche, etc. Ce conflit avait obligé le réseau social à ouvrir l’appli à tous les développeurs, même s’il conservait le droit de sélectionner les offres incluses.
Alors que la neutralité du net avait provoqué cette première escarmouche, c’est également la neutralité du net qui est le mobile du second clash. C’est le 23 décembre que la Telecom Regulatory Authority of India (TRAI), le régulateur indien des télécoms, a ordonné la suspension du service Free Basics à l’opérateur Reliance Communications, le partenaire local de Facebook. Pourquoi une telle décision ? Parce que l’autorité considère que les efforts de Facebook pour respecter la neutralité du net sont insuffisants.
Alors qu’un accès égal pour tous les citoyens est prévu, la réalité de Free Basics est qu’une recherche sur Bing est gratuite alors qu’une même recherche sur Google est payante. Cela dénote clairement une différence de traitement, donc un non-respect de la neutralité du net. Pour se faire une idée plus précise, l’autorité a ouvert une consultation publique pour répondre à cette question. Elle doit s’achever le 30 décembre.
Les enjeux sont énormes pour l’initiative internet.org et pour Facebook. L’Inde, avec ses quelque 400 millions d’internautes, représente potentiellement un énorme marché. Ce n’est pas pour rien que Google tente aussi de connecter les Indiens, notamment en proposant du Wi-Fi dans les gares.
Preuve que la situation est tendue pour Facebook, Mark Zuckerberg est sorti de son congé parental pour publier une tribune dans le Times of India. « Dans chaque société, il existe des services de base qui sont si importants pour le bien-être des personnes qu’ils doivent être accessibles librement […] Il ne s’agit pas de nos intérêts commerciaux […] mais de permettre un accès à des services basiques à des personnes, afin qu’elles profitent des opportunités offertes par Internet. »
« Ce que Facebook veut, c’est que nos frères et sœurs les moins fortunés puissent s’envoyer des pokes et jouer à Candy Crush, mais ne pas pouvoir utiliser Google, Khan Academy ou chercher un emploi sur Naukri », dénoncent les militants des libertés en ligne. Ils accusent le réseau social de faire principalement la promotion de ses propres services « sous prétexte d’aider les populations les plus pauvres ».