Civilization VII bouscule la formule 4X avec un système d’ères et une diplomatie repensée ; le jeu de stratégie de Firaxis divise cependant la communauté.
Après un sixième opus enrichi par de multiples extensions, la vénérable série Civilization revient sur le devant de la scène. Ce nouvel épisode ose des paris audacieux, mais divise déjà la communauté. Décryptage d’un jeu qui tente de réinventer la formule 4X, avec plus ou moins de succès.
Qui n’a jamais rêvé de guider une civilisation à travers les âges, de l’Âge de Pierre à la conquête spatiale ? C’est la promesse, toujours renouvelée, de la franchise Civilization. Mais avec ce septième volet, Firaxis, le studio aux commandes, a choisi de bousculer les habitudes. Une stratégie risquée, qui pourrait bien redéfinir le genre.
Une approche par ères : la révolution Civilization VII
Oubliez le choix cornélien d’une civilisation en début de partie, que l’on s’échinait à développer jusqu’à la victoire (ou la défaite). Civilization VII innove en proposant une progression découpée en trois ères distinctes : l’Antiquité, l’Âge des Découvertes, puis l’ère Moderne.
Un choix de civilisation à chaque époque : vers plus de flexibilité ?
Concrètement, cela signifie qu’à chaque transition, le joueur a la liberté de choisir une nouvelle civilisation, en fonction de ses accomplissements passés et de ses ambitions futures. Un peu comme si l’on passait le relais, en cours de route, à une autre équipe, forte de ses propres atouts.
Chaque civilisation possède, en effet, des unités, des bâtiments et des recherches spécifiques. Des « arbres d’alignement » permettent même de peaufiner son orientation culturelle. Seule figure immuable : le leader historique, choisi en début de partie, parmi une galerie de personnages illustres (de Catherine la Grande à Benjamin Franklin, en passant par Isabelle Ière d’Espagne). Un casting qui devrait s’étoffer au fil des extensions, comme l’a déjà laissé entendre Firaxis.
Diplomatie et urbanisme : le grand remaniement
Autre bouleversement majeur : le système diplomatique. Les traditionnelles négociations en tête-à-tête avec les autres dirigeants laissent place à un mécanisme de points d’influence. Accumulés à chaque tour, ces points permettent de financer diverses actions : sanctions économiques, accords commerciaux, voire opérations d’espionnage. Une approche qui, sur le papier, promet plus de souplesse et de réactivité.
La gestion des villes, pierre angulaire de la série, n’est pas en reste. Civilization VII introduit une distinction entre les villes, véritables centres névralgiques, et les communautés, sortes d’extensions moins exigeantes à administrer, dont la production est automatiquement convertie en or. De quoi, peut-être, alléger la charge des joueurs les moins férus de micro-gestion.
Des simplifications qui divisent
Fini, également, le ballet incessant des unités d’ouvriers ! L’amélioration des cases autour des villes (fermes, mines…) se fait désormais directement via l’interface de la cité. Les Merveilles, ces constructions grandioses aux bonus considérables (et au coût exorbitant), sont toujours de la partie, rassurez-vous.
Cette tendance à la simplification, perceptible dans de nombreux compartiments du jeu, se heurte toutefois à un écueil : l’interface utilisateur. Jugée confuse, peu intuitive et avare en informations essentielles par de nombreux joueurs et critiques, elle constitue, à l’heure actuelle, le principal point noir du jeu. Firaxis a promis des améliorations rapides, tout comme pour l’intelligence artificielle, parfois défaillante, et les systèmes de crise et de diplomatie, encore perfectibles. La communauté des moddeurs, toujours très active sur la série Civilization, s’est d’ailleurs déjà emparée du problème.
Un Civilization en devenir ?
Il faut bien l’avouer : comparé à son prédécesseur, Civilization VI, qui a bénéficié de plusieurs années de mises à jour et d’ajouts de contenu, ce septième opus peut sembler un peu… brut de décoffrage. La stratégie de Firaxis, consistant à proposer certaines civilisations majeures (comme l’Angleterre à l’Âge des Découvertes) uniquement en DLC payants, a d’ailleurs suscité un certain émoi chez les fans de la première heure.
Alors, faut-il craquer dès maintenant pour Civilization VII ? Tout dépend de votre profil de joueur. Si vous êtes un inconditionnel de la série, avide de nouveautés, vous pourriez être séduit par cette approche résolument différente. Si, en revanche, vous préférez une expérience plus « finie », plus peaufinée, mieux vaut sans doute patienter quelques mois, le temps que Firaxis corrige le tir et que le prix baisse un peu.
Civilization VII est disponible sur PC, Mac, Linux, et sur les consoles Nintendo Switch, Xbox (One et Series X/S) et PlayStation (4 et 5). Comptez environ 70 € pour la version de base (le prix peut varier selon les plateformes et les éditions). Le jeu est classé PEGI 12.
Vers un nouveau paradigme pour le 4X ?
Au-delà des débats sur ses qualités et ses défauts intrinsèques, Civilization VII pose une question essentielle : celle de l’évolution du genre 4X (eXploration, eXpansion, eXploitation, eXtermination). La structure par ères, avec ses changements de civilisation, est-elle une simple coquetterie ou une véritable révolution ? Le nouveau système diplomatique, plus abstrait, favorise-t-il l’immersion ou, au contraire, la complexifie-t-il inutilement ? Seul l’avenir nous dira si ces choix audacieux s’imposeront comme la nouvelle norme, ou s’ils resteront une expérience isolée dans l’histoire déjà riche de la saga Civilization.