Suite à l’échec de son offre de rachat de Bouygues Telecom, Altice exprime son regret, mais démonte surtout les arguments avancés par Bouygues.
Les offres de 7 milliards d’euros, 9 milliards d’euros et 10 milliards d’euros ont toutes été refusées par le conseil d’administration de Bouygues, ce qui signifie trois échecs consécutifs pour Altice, la maison-mère de Numericable-SFR.
Dans l’idée de redorer son image auprès des marchés suite à ce troisième échec, Altice a tenu à mettre les points sur les i.
Pour commencer, la maison-mère de Numericable-SFR a exprimé son regret que le groupe Bouygues ait prononcé un « non catégorique », sans chercher à obtenir « la moindre précision » ou « explication » au sujet de l’offre de rachat. Il est dit qu’il est « pris acte » de la décision de Bouygues.
Ensuite, Altice remet les pendules à l’heure en rappelant que son offre valorisait Bouygues Telecom bien au-delà de sa valeur actuelle, « deux à trois fois » le prix moyen de ce type d’actifs sur le marché européen.
L’offre prévoyait un paiement en cash de 9 milliards d’euros à la réalisation de l’opération avec plusieurs options pour le milliard restant, des propositions similaires à celles mises en place lors du rachat de SFR. Il était même prévu que Bouygues puisse augmenter jusqu’à 3% le prix de revente en fonction des synergies dégagées par l’opération.
Alors que Bouygues a émis des critiques au sujet de l’offre qui « présente un risque d’exécution important », Altice fait valoir que l’acquisition était « intégralement assurée et sécurisée, sans condition, aux termes des lettres d’engagement jointes à la remise de l’offre de BNP, JP Morgan et Morgan Stanley ». Contrairement aux « fuites dans la presse », il est précisé que la dette ne couvrait que 60 à 65% du deal et non pas l’intégralité des 10 milliards d’euros, le reste étant financé par de la trésorerie de Numericable-SFR et des fonds générés par des cessions d’actifs à d’autres opérateurs, notamment à Free.
L’acquisition de Bouygues Telecom aurait donné naissance à un opérateur de télécoms plus gros que le leader historique Orange, ce qui aurait pu provoquer le véto de l’Autorité de la concurrence, « aucune réponse satisfaisante n’est apportée sur ce sujet essentiel » a notamment fait valoir le conseil d’administration de Bouygues. Altice répond à cet argument en expliquant avoir devancé ce risque en entrant en négociations exclusives avec Free pour lui céder une partie du réseau, « des garanties plus larges » que celles proposées par Bouygues lors de sa contre-offre pour tenter d’acquérir SFR. Il est précisé que des contacts avaient aussi été initiés avec l’Autorité de la concurrence.
Alors que la garantie de l’emploi était une inquiétude, notamment du gouvernement, Altice répond qu’il s’était engagé à la fois vis-à-vis du groupe Bouygues et du gouvernement à garantir l’emploi pour une durée de trois ans, tout comme cela a été fait chez SFR.
Altice assure aussi s’être engagé auprès du gouvernement à « continuer d’augmenter ses investissements, notamment dans le déploiement de la fibre », ainsi que de participer pleinement aux enchères pour les fréquences 700 MHz.
En résumé, Altice, estime avoir apporté toutes les garanties sur la valeur de son offre, tout en laissant sous-entendre que les motifs invoqués Martin Bouygues ne sont tout simplement pas fondés.
Après trois échecs, y aura-t-il une quatrième offre ? Certainement pas, en tout cas pas tout de suite.