Au-delà des frontières de la France, Bernard Cazeneuve part en guerre contre le cryptage au niveau européen. Rendez-vous a été pris avec son homologue allemand.
C’est après avoir déclaré qu’« il s’agit d’une question centrale dans la lutte antiterroriste, beaucoup des messages échangés en vue de la commission d’attentats terroristes, le sont désormais par des moyens cryptés » au terme d’un conseil de défense que Bernard Cazeneuve a annoncé son intention de porter avec l’Allemagne une initiative européenne puis internationale sur le cryptage des communications. Le ministre de l’Intérieur par ailleurs souligné « la nécessité d’y faire face au plan international parce que ce n’est pas un pays seul qui peut prendre des initiatives ».
À l’image du Royaume-Uni qui a menacé d’interdire le cryptage pour les communications mobiles, plusieurs pas s’inquiètent de la généralisation du chiffrement dans sa lutte contre le terrorisme. L’intention de Bernard Cazeneuve n’est donc pas que la France parte en guerre contre Apple et Google, mais que les pays s’unissent pour faire pression sur les géants du net.
Quelle proposition ?
Quelle est l’intention du ministre français, proposer la création de backdoors ? On ne le sait pas. Il n’a donné aucune précision quant aux propositions qu’il compte faire. Il s’est juste contenté de répondre : « La France fera des propositions, j’en ai adressé un certain nombre à mon homologue allemand ».
En partant du principe que toute faille dans un logiciel sera inévitablement exploitée par des tiers, mais aussi que le chiffrement est indispensable au bon fonctionnement d’Internet, pour toutes les transactions financières notamment, les experts en chiffrement sont très dubitatifs sur les intentions de Bernard Cazeneuve. C’est d’autant plus vrai que, depuis les révélations d’Edward Snowden sur les pratiques de surveillance généralisée de la NSA, la méfiance de tous les acteurs du web est de mise.
D’un autre côté, avec l’organisation de l’État islamique qui recommande à ses membres et à ses sympathisants d’utiliser l’application Telegram, il est aussi vrai que ce ne sont pas seulement les « gentils » qui utilisent le cryptage, que le chiffrement protège tout le monde, les utilisateurs avec des bonnes ou des mauvaises intentions. La question centrale est de savoir s’il faut pénaliser tout le monde.
Très bonne initiative.