Le pari d’Elon Musk est de pouvoir récupérer le premier étage du lanceur Falcon 9 dans le but de pouvoir le réutiliser. L’objectif de cette réutilisabilité est de baisser le coût de l’accès à l’espace. Maintenant que SpaceX a réussi un troisième atterrissage, la question de relancer un étage récupéré se pose.
C’est dans la nuit de jeudi à vendredi qu’une fusée Falcon 9 de SpaceX a décollé de Cap Canaveral, en Floride, pour placer sur une orbite de transfert géostationnaire le satellite de télécommunications japonais JCSat 14. La mission s’est parfaitement déroulée.
Comme le satellite pesait 4,7 tonnes, SpaceX estimait avoir peu de chance de pouvoir récupérer le premier étage de son lancement en raison de la quantité limite de carburant restant après la mise en orbite pour contrôler la descente.
Tout s’est néanmoins très bien passé et le lanceur s’est posé comme convenu sur la barge positionnée dans l’océan Atlantique. Ce nouveau succès permet à SpaceX de totaliser trois atterrissages réussis, un sur terre ferme et deux sur la barge en pleine mer.
La réutilisabilité, ou la guerre des prix de l’accès à l’espace
Entre Européens, Russes et Américains, le marché de l’espace passe par une guerre des prix. Pour séduire la clientèle, il faut être fiable, mais aussi pas cher. La réutilisabilité peut donc être déterminante pour faire baisser les coûts en permettant d’utiliser une seconde fois le premier étage d’un lanceur. Dans ce contexte, SpaceX profite déjà de ses succès pour corriger à la baisse ses tarifs.
Alors qu’un lancement de la version lourde d’Ariane 6 (Ariane 64) coûte 90 millions d’euros (101 millions de dollars), un lancement avec une fusée Falcon 9 est facturé 62 millions de dollars (environ 54 millions d’euros), ou 90 millions de dollars (environ 79 millions d’euros) pour le Falcon Heavy. Pour l’heure, l’impact de la réutilisabilité n’est pas encore répercuté sur les tarifs de SpaceX, une baisse de prix qui pourrait avoir son importance.
Mais avant de parler de commercialiser un lanceur récupéré, il faut démontrer que l’étage et ses neuf moteurs sont toujours parfaitement opérationnels après un décollage et un atterrissage. Ce n’est pas gagné d’avance, il faudra procéder à des essais de fiabilité.
Normalement, un premier lancement d’un étage recyclé est prévu pour cet été. Ce n’est qu’à partir de ce moment qu’il sera possible de savoir si la réutilisabilité est techniquement possible et économiquement viable.
Pour le moment, l’Europe ne croit pas à la réutilisabilité. Elle suit tout de même très attentivement ce dossier alors que les entreprises privées américaines, SpaceX en tête, font pression sur les prix. « L’Europe doit prendre la mesure de ce qui se passe aux États-Unis, car si rien n’est fait, dans dix ans, notre filière des lanceurs sera en grande difficulté », prévient Stéphane Israël, le PDG d’Arianespace.