L’actuel salon de Farnborough donne lieu aux habituelles annonces faramineuses d’Airbus et Boeing. Mais attention, les chiffres sont trompeurs car artificiellement gonflés.
L’actuel salon de Farnborough est l’occasion pour les constructeurs d’avion d’annoncer les commandes passées, des commandes qui sont souvent faramineuses vu qu’elles s’élèvent facilement à plusieurs milliards de dollars. Ces annonces ne sont pas particulières à l’édition 2016 du salon aéronautique britannique. Les précédents millésimes de Farnborough, ainsi que les salons du Bourget et de Dubaï, sont autant d’occasions pour Airbus et Boeing d’annoncer les contrats conclus.
En fait, il faut être très méfiant au niveau des chiffres annoncés concernant les commandes passées. Que cela soit du côté d’Airbus ou de Boeing, les avionneurs ont en effet pour habitude de gonfler artificiellement les chiffres, ce qui les rend totalement trompeurs.
Airbus et Boeing utilisent plusieurs techniques pour gonfler les chiffres
Pour les avionneurs, les salons aéronautiques sont l’occasion de démontrer qu’ils sont « meilleurs » que la concurrence. C’est pour cette raison qu’ils mettent en avant les commandes passées même si les chiffres ne représentent pas véritablement la réalité. Une des techniques s’appelle lettre d’intention, engagements d’achat ou Memorandum of Understanding (MoU). Il s’agit en fait d’un engagement préliminaire qui n’est pas une commande ferme. En clair, les 72 A320 Neo de l’indien GoAir ou les 737 NG et MAX des chinois Xiamen et Donhai ne sont pas réellement commandés. Ces commandes ne seront effectives qu’au moment de la commande ferme. Avec leur système de communication, Airbus et Boeing vendent ces avions deux fois à la presse, une fois au moment de l’engagement et une fois au moment de la commande.
Les avionneurs annoncent aussi des commandes passées par un client « non identifié ». Ils annoncent par la suite une commande passée par une compagnie. En fait, il s’agit de la même commande annoncée deux fois !
Les chiffres annoncés sont aussi trompeurs. Selon le communiqué d’Airbus, Virgin Atlantic a par exemple commandé 12 A350-1000. La réalité est que la compagnie britannique n’a réellement commandé que 8 appareils. Les 4 autres avions seront loués à des loueurs tels que Gecas, ALC, AerCap, CIT, ou BOC Aviation. En utilisant cet artifice, les chiffres sont donc artificiellement gonflés.
Le gros porteur 747-8 peine à se vendre dans sa version passagers comme la dernière commande remonte à 2013. Pourtant, Boeing a annoncé une commande d’une vingtaine d’avions de ce modèle par le russe Volga-Dnepr. En fait, il ne s’agit pas de la version passagers, mais de la version fret.
Pour gonfler les chiffres, les avionneurs mélangent aussi allégrement les commandes et les engagements. La commande de quatre A330-900 Neo par la compagnie israélienne Arkia cache en réalité deux engagements, une commande ferme pour deux appareils et un engagement pour deux avions en option. En clair, la valeur réelle de la commande a été artificiellement doublée juste pour impressionner.
En résumé, il ne faut vraiment pas croire les chiffres mirobolants annoncés par Airbus et Boeing. Les deux constructeurs gonflent leur chiffre simplement pour faire croire qu’ils rencontrent plus de succès que leur rival.