Apple, ce preux chevalier qui résiste aux agences américaines

Hicham EL ALAOUI
Rédigé par Hicham EL ALAOUI

La réputation des preux chevaliers repose au sens de leur mission : protéger. C’est exactement ce qu’Apple est en train de faire, protéger ses utilisateurs de la curiosité du FBI et de la NSA.

Habituellement, Apple n’a pas pour habitude de jouer au rebelle. La marque à la pomme n’hésite d’ailleurs pas à affirmer qu’elle tient à collaborer avec les autorités. Mais attention, sans vendre son âme. Les révélations sur les pratiques de la NSA ont fait suffisamment de dégâts pour que la firme de Cupertino n’accepte plus de faire tout et n’importe quoi.

C’est par exemple le cas avec le cryptage mis en place dans iOS. Malgré toutes les pressions subies de la part des autorités, que cela soit de la NSA, du FBI, de la police, Apple n’en démord pas : aucune backdoor ne sera installée. L’affaire de San Bernardino vient de confirmer cette position de la firme californienne.

Dans le cadre de l’enquête du FBI menée sur les auteurs de cette attaque terroriste, la justice a ordonné à Apple d’aider les enquêteurs. La décision précise qu’il ne s’agit pas de donner accès à tous les iPhone, juste aux données de l’iPhone 5c de Syed Rizwan Farook, l’auteur de la fusillade.

La réaction de Tim Cook est que les autorités, avec cette décision, ont franchi la ligne rouge. Le PDG d’Apple n’hésite pas à qualifier cette décision de « sans précédent » et « inacceptable », bien évidemment en refusant de s’y soumettre. Dans son bras de fer avec les autorités, la firme de Cupertino a par ailleurs reçu les soutiens de Google, Facebook et même d’Edward Snowden.

Pourquoi Tim Cook refuse ? Avant tout en raison du caractère dangereux de la demande. Même si le tribunal insiste sur le fait que l’outil qu’Apple mettrait au point ne permettrait de déverrouiller qu’un seul iPhone, la réalité est qu’une fois créée, cet outil pourrait être adapté à n’importe quel mobile de la marque. La menace est donc réelle. Dès lors, c’est entrouvrir la porte à d’autres demandes, c’est-à-dire créer la fameuse backdoor si ardemment refusée.

C’est donc contre ce risque de dérive qu’Apple se dresse tel un preux chevalier souhaitant protéger la vie privée de ses utilisateurs. Vue sous cet angle, la position de la marque à la pomme semble parfaitement légitime.

Là où Apple a encore plus raison, ce que crée une faille dans son cryptage peut s’avérer utile pour les autorités dans le cadre d’une enquête, comme c’est le cas pour l’attentat de San Bernardino. Mais qui dit faille, dit faille qui peut aussi être découverte par des personnes malveillantes. De ce fait, il s’agirait véritablement d’abaisser le niveau de sécurité, ce qui ne serait pas du tout souhaitable pour les utilisateurs. « Si l’État peut accéder aux contenus chiffrés par des moyens détournés, alors toute l’infrastructure est vulnérable pour des hackeurs, escrocs et États étrangers », avait notamment expliqué Tristan Nitot, le fondateur de Mozilla Europe.

Que va-t-il se passer ? Pour l’heure, Apple a jusqu’au 26 février pour obtempérer à la décision de justice. La firme de Cupertino aurait demandé l’aide de deux avocats réputés dans la défense de la liberté d’expression, Ted Olson et Theodore J. Boutrous Jr, pour faire recours.

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