Pour éviter de transmettre une maladie héréditaire, l’ADN de deux femmes et d’un homme a été utilisé pour la première fois au monde pour concevoir un bébé.
Des médecins du centre New Hope Fertility de New York ont utilisé une technique de conception assistée inédite pour concevoir un bébé. C’est parce que cette méthode est interdite aux États-Unis qu’elle a été réalisée au Mexique. Il s’agissait de transférer du matériel génétique en provenance d’une autre femme pour concevoir un embryon constitué de l’ADN de deux femmes et d’un homme.
Encore expérimentale, cette technique de conception assistée avait pour but d’éviter que la mère ne transmette les gènes responsables du syndrome de Leigh à son enfant, ce syndrome qui est une maladie de type mitochondriale. C’est pour cette raison que les médecins ont fait le pari d’exclure l’ADN mitochondrial défectueux de la mère en n’utilisant que l’ADN du noyau cellulaire pour éviter la transmission de la maladie. L’équipe a ensuite implanté l’ADN du noyau de l’ovule de la mère dans l’ovule d’une donneuse duquel le matériel génétique nucléaire avait été retiré.
Il est bon de préciser que la mère avait déjà transmis la maladie à deux autres enfants qui sont morts après leur naissance. De cette femme, on sait seulement qu’elle est Jordanienne et qu’elle a également fait deux fausses couches.
L’équipe médicale est parvenue à utiliser l’ADN de deux femmes et un homme pour féconder cinq ovules. Si quatre étaient viables, seul celui qui a été implanté était normal. Le Dr Owen K. Davis estime qu’il s’agit là d’une grande avancée pour la médecine reproductive. À l’heure actuelle, les maladies mitochondriales restent un problème de taille pour les parents qui veulent avoir des enfants.
Il est bien évident que l’annonce de la naissance d’un bébé suite à l’application de cette technique a causé un important tollé dans la communauté scientifique. Cette technique de transfert du matériel génétique est en effet décriée par de nombreux scientifiques. Ils la considèrent risquée. Ils redoutent notamment des conséquences imprévisibles sur la santé de l’enfant et de ses descendants.
Marcy Darnovsky, la directrice du Center for Genetics and Society, qualifie d’« irresponsable » et « non éthique » le fait d’avouer ouvertement être allé au Mexique pour échapper à la législation des États-Unis.