Les actionnaires de Toyota adoptent le changement : un nouveau paradigme gagnant-gagnant

Hicham EL ALAOUI
Rédigé par Hicham EL ALAOUI
Le président de Toyota Motor Corporation, Akio Toyoda, fait un geste lors d'une conférence de presse sur les tests de sécurité truqués par sa filiale Daihatsu, qui ont affecté 88 000 véhicules, à Bangkok, en Thaïlande, le 8 mai 2023. Crédit Photo : REUTERS/Athit Perawongmetha

Dans un retournement de situation surprenant, la Toyota Motor Corporation a connu un résultat remarquable lors de sa récente assemblée générale annuelle. Malgré n’avoir obtenu le soutien que d’un maigre 15% de ses actionnaires, la réélection d’Akio Toyoda en tant que président a été considérée comme un succès pour le constructeur automobile japonais. Ce scénario non conventionnel remet en question les normes de la gouvernance d’entreprise traditionnelle, ouvrant de nouvelles possibilités de collaboration et de progrès au sein de la société.

Dans le domaine des attentes conventionnelles, obtenir le soutien d’un si faible pourcentage d’actionnaires serait généralement perçu comme un échec. Cependant, en matière de gouvernance d’entreprise, ce résultat offre la possibilité d’un changement révolutionnaire. Akio Toyoda, qui a assumé le poste de président plus tôt cette année après avoir dirigé le constructeur automobile japonais de 270 milliards de dollars pendant plus d’une décennie, a réussi à convaincre les actionnaires de voter en faveur de sa réélection malgré le niveau de soutien relativement faible.

Fait intéressant, deux importantes sociétés de conseil en vote par procuration, Glass Lewis et ISS, ont exprimé des positions divergentes sur cette question. Les deux sociétés ont exprimé des préoccupations concernant le manque de directeurs indépendants au conseil d’administration de Toyota, bien que l’entreprise respecte les exigences fixées par la Bourse de Tokyo. Glass Lewis a blâmé Toyoda lui-même et a recommandé aux investisseurs de voter contre lui. ISS, quant à lui, a reconnu l’affiliation de trois candidats externes à l’entreprise mais s’est abstenu de conseiller aux actionnaires de voter contre eux, car cela risquerait de consolider davantage la domination de la direction au sein du conseil. Finalement, les deux sociétés ont donné leur approbation à la réélection de Toyoda.

Les recommandations divergentes de ces sociétés de conseil en vote par procuration ont probablement entraîné un vote divisé parmi les actionnaires. Cependant, il existe une règle non écrite lors de l’interprétation de ces décomptes : les administrateurs doivent idéalement obtenir le soutien d’au moins 95 % des votes exprimés pour susciter un sentiment de confiance totale. Alors que le taux d’approbation de 92 % pour Masahiko Oshima, un cadre supérieur chez le principal prêteur de Toyota, soulève des questions, c’est le soutien de 85 % en faveur de Toyoda qui crée un sentiment de malaise. Il est particulièrement notable que ce niveau de soutien relativement faible suive une augmentation remarquable de 26 % de l’action du constructeur automobile cette année, ce qui rivalise étroitement avec la performance de l’indice Nikkei 225. Cela suggère que le problème en question ne concerne pas les questions stratégiques telles que les plans de l’entreprise pour introduire des batteries à semi-conducteurs et d’autres technologies visant à améliorer les performances et réduire les coûts des futurs véhicules électriques, mais plutôt un manque de transparence.

Toyota et son président ne sont pas à l’abri de critiques, en particulier de la part d’actionnaires institutionnels étrangers vocaux tels que le California Public Employees’ Retirement System et l’Office of the New York City Comptroller. Ces entités exercent une pression croissante sur les entreprises pour améliorer leur gouvernance d’entreprise et aborder les préoccupations liées au changement climatique. Toyota accuse du retard dans ces deux domaines et fait maintenant face à une pression croissante pour regagner la confiance et le soutien des investisseurs influents.

En regardant vers l’avenir, l’issue de la récente assemblée générale annuelle de Toyota pourrait avoir des implications considérables pour les pratiques de gouvernance d’entreprise dans l’industrie automobile et au-delà. L’adoption du changement par les actionnaires, malgré le niveau apparemment faible de soutien, remet en question la notion conventionnelle de règle majoritaire. Cela pourrait ouvrir la voie à une collaboration et à une innovation accrues au sein de Toyota, alors qu’elle cherche à aborder les préoccupations soulevées par les investisseurs institutionnels et à renforcer son engagement en matière de bonne gouvernance et de durabilité environnementale.

En conclusion, la récente assemblée générale annuelle de Toyota a présenté un résultat unique et inattendu. Malgré n’avoir obtenu le soutien que de 15 % des actionnaires, la réélection d’Akio Toyoda en tant que président représente un potentiel changement de paradigme dans la gouvernance d’entreprise. Les recommandations divergentes des sociétés de conseil en vote par procuration et le faible niveau de soutien soulignent la nécessité d’une plus grande transparence et de meilleures pratiques de gouvernance au sein de l’entreprise. Alors que Toyota fait face à une pression croissante de la part d’investisseurs institutionnels influents, la capacité à adopter le changement et à aborder ces préoccupations sera cruciale pour le succès futur de l’entreprise. Cette situation sans précédent ouvre la voie à un nouveau paradigme gagnant-gagnant qui remet en question les attentes traditionnelles et favorise la collaboration et le progrès au sein du monde de l’entreprise.

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