Google a envoyé ce jeudi 27 août sa réponse aux accusations formelles prononcées contre lui par la Commission européenne.
Après cinq ans d’enquête sur l’abus de position dominante de Google avec son moteur de recherche, c’est en avril dernier que la Commission européenne a formellement communiqué à la firme de Mountain View les accusations qui lui sont reprochées. Le géant de l’internet avait jusqu’au 31 août pour répondre.
C’est avec quatre jours d’avance, le 27 août, que Google a répondu par écrit à Bruxelles.
Sur un blog officiel, Kent Walker, un des vice-présidents de Google, explique : « La réponse que nous avons envoyée aujourd’hui montre pourquoi nous pensons que ces accusations sont injustifiées et pourquoi nous estimons que Google contribue à accroître le choix des consommateurs européens, et offre des opportunités à d’autres entreprises de toutes tailles. »
En réponse, un porte-parole de la Commission européenne a sobrement déclaré que la réponse « allait être examinée avec attention avant de prendre quelque décision que ce soit sur la manière de procéder ».
Dans ces accusations, Bruxelles pointe du doigt un service très spécifique de Google : son comparateur de prix Google Shopping. Il est estimé que le groupe le met systématiquement en valeur aux dépens d’autres comparateurs de prix dans ses résultats de recherche.
« Je crains que l’entreprise n’ait injustement avantagé son propre service […] en violation des règles de l’Union européenne en matière d’ententes et d’abus de position dominante », avait déclaré Margrethe Vestager, la commissaire en charge de la concurrence.
La réponse de Google, non publique, fait une centaine de pages. Elle repose sur trois arguments principaux.
Kent Walker mentionne que « des faits prouvent que les préoccupations de la Commission sont « infondées » ». Le trafic généré par les services de commerce en ligne a beaucoup progressé, 227% sur la période couverte par l’acte d’accusation, selon Google.
Il indique aussi que Google n’a pas contribué à freiner la concurrence, malgré son énorme part de marché dans la recherche en ligne sur le continent, vu 300 nouvelles entreprises de commerce en ligne sont apparues dans quatre grands pays de l’UE sur la période prise en compte par l’enquête.
Alors que la Commission reproche le format Google Shopping, Google rétorque comme autre argument que le comportement des internautes change vite que « Les utilisateurs, depuis leurs ordinateurs et leurs smartphones, veulent souvent avoir directement accès aux vendeurs en ligne qui ont réussi à établir une présence sur le Net », un point soi-disant pas assez pris en compte par la Commission.
« Google choisit la ligne dure en disant que Bruxelles a tort sur toute la ligne », juge une source proche d’un plaignant.
« C’est toujours comme ça dans les réponses aux actes d’accusation de la Commission. Les entreprises ne lâchent rien », explique une source européenne.
La suite de la procédure va voir les multiples avocats de Google défendre leurs arguments lors de réunions avec la Direction générale de la concurrence de la Commission.
Une décision finale ne devrait pas intervenir « avant Pâques 2016 ».
Google ne prend pas l’enquête de Bruxelles à la légère. Pour cause, l’Europe représente tout de même un demi-milliard de consommateurs, ce qui en fait un marché crucial.
Si la Commission reste convaincue sur ses positions, elle pourrait condamner Google une amende de plusieurs milliards de dollars, jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires, mais aussi obliger le moteur de recherche à changer d’attitude.