C’est samedi dernier que la goélette Tara a entamé son expédition de deux ans dans le Pacifique pour étudier en détail les coraux. Cette mission pourrait révéler de mauvaises surprises à l’image de ce qui se passe actuellement en Australie. Une étude révèle que 35 % des coraux de la Grande barrière sont morts ou en train de mourir.
C’est sur la base de plusieurs mois de surveillance aérienne et sous-marine que les chercheurs sont arrivés à cette dramatique conclusion : « Nous avons découvert qu’en moyenne, 35 % des coraux sont morts ou en train de mourir sur 84 récifs que nous avons étudiés sur les sections centre et nord de la Grande barrière, entre Townsville et la Papouasie-Nouvelle-Guinée ». C’est le professeur Terry Hughes, expert des récifs coralliens à l’Université James Cook de Townsville (nord-est), qui a précisé que le réchauffement climatique était en train de faire des ravages sur l’un des sites les plus emblématiques de la planète, un joyau classé au Patrimoine mondial.
Cosigné par trois grandes universités, un communiqué indique que « C’est la troisième fois en 18 ans que la Grande barrière de corail traverse un épisode grave de blanchissement lié au réchauffement climatique, et l’épisode actuel est beaucoup plus extrême que ce que nous avions mesuré auparavant ». Les scientifiques ajoutent qu’il faudra compter au moins une décennie pour que la couverture corallienne se remette, « certainement plus longtemps pour retrouver les plus grands et plus anciens coraux qui sont morts ».
Pour autant que l’eau refroidisse, les récifs peuvent s’en remettre. Par contre, ils peuvent aussi en mourir si le phénomène dure trop longtemps. Le blanchissement se traduit par une décoloration des coraux provoquée par l’augmentation de la température de l’eau. Cette hausse entraîne l’expulsion des algues symbiotiques qui donnent au corail sa couleur et ses nutriments.
Pour illustrer la gravité de la situation, le Centre ARC pour les études sur les récifs coralliens a publié des photographies comparatives sur son site. Les images montrent le même récif, complètement blanchi en février, puis totalement colonisé et disparu sous des algues en avril.
Le plus inquiétant dans cette situation est certainement l’attitude politique. Alors que la Grande barrière a évité de justesse d’être placée par l’UNESCO sur sa liste des sites en péril, Canberra est intervenu pour que toutes les références à l’Australie soient retirées d’un rapport de l’ONU sur les ravages mondiaux dus au réchauffement climatique. Cela semble totalement illogique comme comportement.