Alors qu’internet célèbre ses 25 ans d’existence, le W3C fête son 20e anniversaire, une occasion pour Tim Berners-Lee, son fondateur de faire le point.
Principal inventeur du web et fondateur du World Wide Web Consortium (W3C), Tim Berners-Lee profite du 20e anniversaire su consortium pour faire le point sur internet.
Se remémorant toutes ces années, il avoue que « Nous avons certainement réussi à rester sur les rails, même s’il y a eu des moments où il y a eu beaucoup de pressions et d’attaques contre le web ». S’émerveillant de que les gens arrivent faire avec le langage HTML, « c’est incroyable. Je n’avais pas imaginé voir un tel niveau de créativité et de diversité dans l’utilisation du web et de ses outils », son principal fondateur se réjouit de l’arrivée d’HTML5, un outil plus puissant que jamais.
Tim Berners-Lee évoque également la mise en place d’un groupe de travail autour d’un système de paiement en ligne ouvert, une démarche qui s’inscrit dans la logique que « Nous pensons que les systèmes de paiement en ligne pourraient être rendus plus simples », précisant que « Jusqu’à présent, l’industrie n’a pas réussi à mettre en place un tel système de paiement, alors que c’est quelque chose qui intéresse beaucoup de gens. Un système plus standard, plus sûr, dans lequel les consommateurs puissent avoir confiance, c’est aussi quelque chose qui permettra de développer le commerce en ligne ».
En référence aux solutions proposées par PayPal, Apple ou Google, il rappelle que, à l’époque, chacun voulait concevoir sa propre version du HTML avec l’intention de dominer les autres. Au final, tout le monde s’est rangé à l’idée qu’il était plus intéressant et plus efficace de posséder un standard commun. Dans cette logique, il devrait en être de même avec les systèmes de paiement.
Le W3C planche également sur le système des Encrypted Media Extensions (EME), un système antipiratage qui ne fait pas encore partie des spécifications officielles du HTML5. Ce sujet est sensible vu qu’il a suscité de vifs débats en début d’année. Là encore, l’idée du consortium est de proposer un standard commun aux entreprises alors que chacune d’entre elles utilise pour le moment des solutions propriétaires fermées.
Pour ce qui est de l’avenir, Tim Berners-Lee revient sur la création d’un digital Bill of Rights, une déclaration des droits numériques protégeant la vie privée et les données de chacun, une idée lancée en mars dernier. Suite à la surveillance de masse et à l’espionnage des télécommunications, le grand public est devenu très sensible à cette problématique. Le principal inventeur du web considère que les gouvernements établis et les agences d’espionnage vont continuer leurs activités, mais qu’ils devront se réinventer alors que les gouvernements doivent être tenus responsables devant leurs électeurs, car ceux-ci ne laisseront pas leurs droits être indéfiniment piétinés. Cette prise de conscience est d’autant plus dans l’air du temps que certains gouvernements, tel celui du Royaume-Uni, annoncent des mesures restreignant les libertés numériques.
Dans cette logique, mais en dehors du cadre du W3C, Tim Berners-Lee conseille MeWe, un réseau social qui se présente comme très protecteur de la vie privée. « J’ai, au moins la certitude qu’ils ne vendront pas mes données. Certes, si j’utilise ce service ou un autre, je peux toujours être victime d’espionnage, si quelqu’un a mis ma connexion sur écoute, mais c’est un autre type d’attaque, à la portée des agences de renseignement. Mais je peux au moins m’assurer que je sais où se trouvent mes données, c’est pourquoi je travaille avec cette entreprise qui est, à ma connaissance la première à avoir adopté un digital Bill of rights ».
Au final, ce 20e anniversaire du W3C a été l’occasion pour Tim Berners-Lee de rappeler que la standardisation est une bonne chose, mais aussi que la problématique de la sécurité et de la confidentialité de la vie privée sera au cœur des préoccupations à l’avenir.