Après 365 jours de simulation, Cyprien Verseux et les 5 autres volontaires de la mission ont retrouvé l’air libre. Le Français raconte son expérience martienne.
Avec ses missions HI-SEAS, la NASA prépare activement le premier séjour d’êtres humains à la surface de Mars. Ce programme vise avant tout à gérer l’aspect humain d’une mission si lointaine.
C’est pour étudier les effets de l’isolement et du confinement tels qu’ils devront le subir lors d’une future mission sur Mars, mais aussi les effets sur la santé mentale et les performances d’un équipage durant une longue période, dans un environnement difficile et complètement isolé, que la NASA a enfermé six volontaires dans un dôme de 140 m2 pendant 365 jours. Un des volontaires était l’astrobiologiste français Cyprien Verseux.
Après être resté enfermé et isolé pendant une année, c’est ce dimanche 28 août qu’il a retrouvé l’air libre en même temps que les autres volontaires de cette simulation. Dès leur sortie, ils ont été pris en charge par la NASA pour un débriefing de plusieurs jours.
Cyprien Verseux raconte son expérience
Dès sa sortie, Cyprien Verseux a pu raconter l’expérience martienne qu’il a vécue, même s’il est resté sur Terre. Il explique par exemple que c’est après plus de six mois d’isolement que la période la plus critique de la mission commence. « La santé mentale, les relations et les performances ont tendance à se dégrader brutalement juste après le milieu de la mission ».
Il s’agit du syndrome du « troisième quart » comme l’appellent les chercheurs, un comportement qui se traduit par de l’instabilité et de l’hypersensibilité émotionnelles, de l’irritabilité, la perte de motivation, la dépression et l’apathie.
« Les tensions entre les membres de l’équipe sont devenues plus fréquentes et plus intenses, mais nous restons une équipe soudée. […] Mes coéquipiers ne sont pas du genre à se plaindre ou à se laisser abattre. S’ils souffrent, ils le cachent », explique l’astrobiologiste français.
Comme la mission est restée sur Terre, tous les facteurs ne sont pas semblables à ceux qui pourraient survenir à la surface de Mars. C’est notamment dû à l’absence de risque. « Le danger de mort imminente pourra avoir un effet sur les performances et la santé mentale d’un équipage, c’est vrai, mais au quotidien cet impact sera probablement bien plus faible que celui de l’isolement et du confinement. […]
Il y a évidemment des limites à ce qu’on peut reproduire sur Terre, pour des raisons techniques et éthiques comme la gravité réduite et les radiations, par exemple. Il est impossible de simuler simultanément tous les aspects d’une mission sur Mars et cela ne serait, de toute façon, pas désirable ».
Est-ce qu’un équipage peut rester compétent ?
En fait, le but des missions HI-SEAS est avant tout de tirer certaines leçons de ces simulations, comme savoir si « des équipiers peuvent-ils rester compétents et sains d’esprit dans des conditions d’isolement et de confinement semblables à celles d’une future mission sur Mars, même dans la période la plus difficile ».
C’est pour cette raison que, pour succéder à cette quatrième simulation du programme HI-SEAS, la NASA a d’ores et déjà prévu deux autres missions. Prévues en 2017, elles ne dureront que huit mois chacune. [VIDÉO]