C’est dans le permafrost sibérien que le Mollivirus sibericum a été découvert, un virus géant préhistorique qui dormait depuis 30 000 ans.
C’est dans un échantillon de permafrost sibérien qu’une équipe de chercheurs français vient de découvrir un virus géant totalement inconnu.
« C’est le premier membre d’une toute nouvelle famille. Plus des deux tiers de son génome, qui compte au total 523 gènes, code pour des protéines qui ne ressemblent à rien de connu », explique Chantal Abergel, directrice de recherche CNRS au sein de l’Institut de microbiologie de la Méditerranée ».
Avec sa taille de 600 nanomètres, le Mollivirus sibericum est un virus géant !
« Alors que le Pithovirus avait une forme en amphore avec un bouchon bien particulier et une enveloppe externe très dense de structure singulière, le nouveau venu, Mollivirus sibericum, lui, est plutôt sphérique, rugueux et possède une sorte de bouche », explique la virologue.
Il a aussi la particularité de changer de morphologie au moment de pénétrer dans une cellule, « il donne l’impression de se ramollir, d’où le choix de son nom, Mollivirus », précise Chantal Abergel.
« La structure de la particule virale est bien distincte. Le Mollivirus utilise le noyau cellulaire, comme les virus de l’herpès », décrit Chantal Abergel.
Pour réveiller un virus vieux de 30 000 ans, la tâche consiste à « introduire une dose massive d’antibiotiques, afin de tuer tout ce qui est vivant. Car ce que nous voulons, c’est récupérer les particules virales qui sont inertes et donc non sensibles aux antibiotiques. Ensuite, nous mettons l’échantillon traité en présence de cellules hôtes, ici des amibes, et nous observons ce qui se passe dans les jours qui suivent », explique la chercheuse.
« Si des cellules meurent, c’est que quelque chose les tue, et il y a de grandes chances que ce soit un virus. Si, en plus, on voit apparaître des particules dans le milieu de culture, alors il y a de grandes chances que ce soit un virus géant. »
« Dans notre échantillon, la particule virale de Mollivirus était présente en toute petite quantité, mais, dès qu’elle trouve son hôte, tout va très vite. D’autant que, d’une manière globale, les particules virales des virus géants semblent vraiment très résistantes », souligne Chantal Abergel.
Alors que la découverte du Mollivirus sibericum est fascinante, elle est surtout inquiétante. En effet, les forages pétroliers susceptibles d’être faits en Sibérie pourraient libérer tous ces virus, y compris des virus encore inconnus. « Si on décide de brasser le pergélisol sibérien, il faut bien réfléchir aux conditions dans lesquelles on va travailler. Car, en creusant, on va remonter dans le temps et l’on risque alors de réactiver des virus qui ont été éradiqués de la surface de la Terre et qui peuvent se révéler dangereux », prévient Chantal Abergel.