En étant capables de compter et de reconnaitre un visage humain, les abeilles sont bien plus intelligentes qu’on le pense.
Comme l’ont prouvé les travaux de l’Autrichien Karl Von Frisch, au début du siècle dernier, les abeilles possèdent un certain degré d’intelligence. En ayant décrypté « le langage des abeilles », il a en effet découvert qu’elles peuvent communiquer, notamment indiquer une source de nourriture à leurs congénères. Il avait aussi démontré qu’elles sont capables de distinguer les couleurs.
Aujourd’hui, dans le cadre de sa thèse, une chercheuse française va beaucoup plus loin. Aurore Avarguès-Weber, 31 ans, chercheuse à l’université des Sciences de Toulouse, a en effet découvert que les abeilles sont non seulement capables de compter, mais aussi de reconnaître un visage humain.
« J’ai réalisé que ces insectes étaient capables de réaliser des tâches complexes », s’enthousiasme la chercheuse. « Et les résultats s’observent bien plus vite qu’avec des singes ».
C’est empiriquement qu’elle a démontré « la grande capacité d’abstraction des abeilles : elles savent compter et reconnaître un visage […]. Placées à l’entrée d’un labyrinthe, les abeilles ont identifié différents signes représentés sur une cartographie. Après un rapide apprentissage, elles ont régulièrement choisi la sortie portant le signe menant à une récompense ».
La jeune femme a par également prouvé que ces insectes n’étaient pas uniquement guidés par leur instinct. Grâce à un test réalisé en extérieur, elle a mis en évidence leur capacité à « adapter leur comportement à leur environnement et aux expériences vécues ».
Les travaux d’Aurore Avarguès-Weber sont fondamentaux vu que la faculté de mettre des éléments en relation était considérée par la communauté scientifique comme le seul apanage des humains et de certains singes. « On pense souvent que seuls les grands singes sont dotés d’intelligence, mais c’est faux ». « Malgré un cerveau pas plus grand qu’une tête d’épingle, les abeilles sont dotées «d’une bonne vision et d’une grande mémoire », ajoute la chercheuse.
Alors que le cerveau des abeilles compte seulement un million de neurones contre 100 milliards pour un être humain, la chercheuse envisage plusieurs pistes de réflexion pour comprendre comment les abeilles peuvent réaliser des tâches si complexes avec si peu de neurones.
Alors que les abeilles sont de plus en plus menacées, les travaux de la jeune femme ne concernent pas directement la protection de cette espèce. Aurore Avarguès-Weber espère tout de même « sensibiliser davantage de personnes à la protection des abeilles en démontrant que ce sont des insectes intelligents ».
Pour ces travaux, Aurore Avarguès-Weber s’est vue récompenser ce mercredi par la fondation L’Oréal-Unesco « Pour les femmes et la science ».