C’est pour avoir soi-disant dissimulé les ressources géothermiques du site de Bure que six associations antinucléaires ont saisi la justice.
En l’état actuel des choses, le site de Bure a été retenu pour y enfouir, à 500 mètres sous terre, les résidus de déchets radioactifs à haute activité et à vie longue (HAVL), des déchets qui sont les plus radioactifs avec une concentration en radioactivité telle qu’ils émettent pendant plusieurs siècles, voire plusieurs millions d’années, des rayonnements ionisants.
Selon l’agenda prévu, l’étude de faisabilité de l’enfouissement doit être bouclée en 2015 pour qu’une demande d’autorisation soit déposée en 2017. En cas d’acceptation, l’exploitation du site, demande d’autorisation, commencerait en 2020 avant de véritablement démarrer en 2025. Il s’agit bien évidemment d’un agenda idéal, un planning qui vient d’être remis en cause par six associations antinucléaires qui viennent de saisir la justice.
C’est lundi, au tribunal de grande instance de Nanterre, que ces six associations ont assigné l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) « en responsabilité pour faute ». Elles accusent l’ANDRA d’avoir « délibérément dissimulé » les ressources géothermiques de Bure, une zone située entre la Meuse et la Haute-Marne.
En optant pour la géothermie, les associations souhaitent placer les différents acteurs du nucléaire français face à leurs responsabilités vu que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le gendarme du nucléaire français, a posé comme condition à l’enfouissement que les sites ne présentent pas d’« intérêt particulier » pour la géothermie.
La géothermie est une ressource naturelle, notamment utilisée pour le chauffage urbain et dans des centrales électriques spécifiques. Signifiant littéralement « chaleur de la terre », cette énergie est un phénomène physique qui s’appuie sur le fait que plus on creuse la croûte terrestre, plus la température augmente en raison de la présence de poches de vapeur d’eau, d’eau ou de roches chaudes.
Dans le cas de Bure, Romain Virrion, géologue et directeur de Mirabel-Lorraine Nature Environnement, affirme que le sous-sol de la région est tel « qu’un jour, on peut vouloir exploiter cette ressource en eau et percer les galeries dans lesquelles seront stockés les déchets. On pourrait vouloir utiliser une ressource d’énergie renouvelable et l’on s’en prive ».
Alors que l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), l’expert public français en matière de recherche nucléaire, « considère que, au regard des critères définis par l’ASN, le potentiel géothermique du secteur de Meuse/Haute-Marne n’est pas de nature à remettre en cause le choix du site », Frédéric Plas, directeur de la recherche et développement à l’ANDRA, se défend d’avoir « jamais menti ». Il précise que l’agence a toujours fait mention d’un potentiel géothermique du site, mais qu’à la différence des écologistes, elle le qualifie de « banal ».
Alors que le potentiel géothermique du site de Bure est au cœur de cette plainte, le tribunal de grande instance de Nanterre annonce que le jugement a été mis en délibéré au 26 mars.